Voici, pour la période du 01 au 15 mars 2016, notre sélection de contenus picorés sur le web sur les thématiques Education/Périnatalité/Enfance, le plus souvent en anglais. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.

Santé Femme/ Périnatalité

Elle reçoit des conseils non sollicités au sujet de sa grossesse : 850.000 dollars de dommages et intérêts

USA Today

Une jeune femme vient d’obtenir 850.000 dollars de dommages et intérêts pour avoir été discriminée pendant sa grossesse lors d’un stage au sein de l’Armée du Salut. Tina Varlesi était alors étudiante et préparait son diplôme de travailleur social. Elle a débuté une grossesse alors qu’elle était stagiaire dans un centre pour toxicomanes géré par l’Armée du Salut. Lorsqu’elle a appris s grossesse sa directrice de stage a alors formulé de nombreux conseils (ne pas conduire dans le noir et en cas de mauvais temps par exemple) et l’a interrogée sur son statut marital, la mettant mal à l’aise. La jeune femme s’en est plaint auprès de l’administration de son école. Mais au cours d’un entretien collectif, sa supérieure lui a de nouveau conseillé de porter des vêtements lâches et de cesser de caresser son ventre, ce qui pourrait exciter les hommes accueillis dans le centre. Au final, Tina Varlesi a obtenu une mauvaise note de stage ce qui ne lui a pas permis de valider son année. L’école n’ayant rien voulu entendre, elle a porté l’affaire devant les tribunaux. Qui ont reconnu que les conseils non sollicités au sujet de la grossesse constituaient un préjudice et la non obtention du diplôme une discrimination.

En Inde, l’avortement légal mais pratiqué à l’ancienne

The Guardian

Les lois indiennes sont plutôt libérales en matière d’avortement. Néanmoins, en pratique, la situation des femmes qui demandent une IVG n’est guère enviable. C’est la méthode de la dilatation et du curetage qui est encore la plus utilisée. Très douloureuse et surtout potentiellement dangereuse (avec un risque élevé d’hémorragie ou de perforation de la paroi utérine) elle explique que 9% des décès maternels indiens soient attribués à des tentatives d’avortement. Une ONG, IPAS, a donc lancé un programme de formation des personnels hospitaliers pour les familiariser avec la technique de l’aspiration et les inciter à mieux prendre en charge les femmes.

Hong Kong et la bataille de l’allaitement

HK magazine

Une salle était mise à disposition pour les employées voulant tirer leur lait… elle a très vite été convertie en bureau. Quant aux deux salles de réunion potentiellement privatisables, elles étaient toujours occupées, alors « j’ai fini par tirer mon lait dans les toilettes », témoigne une Hong Kongaise. Le HK magazine fait écho aux difficultés des femmes salariées de concilier vie active et allaitement. Selon une étude de 2010 publiée dans BMC Pregnancy and Childbirth, le retour au travail est la principale raison pour laquelle les jeunes mères cessent d’allaiter.
Dans l’ancienne colonie britannique, les femmes ont droit à 10 semaines de congé maternité, les pères 3 jours. Contrairement à Taiwan par exemple, la législation hong kongaise n’encourage pas vraiment l’allaitement. Sur l’île voisine de TaiWan, des mesures ont été prises en 2010 en faveur de l’allaitement dans les lieux publics, rappelle HK magazine : quiconque tente d’empêcher une femme d’allaiter en public ou lui demande de s’isoler pour mettre son bébé au sein est passible d’une amende allant de 1.400 à 1.700 dollars. La loi taiwanaise oblige aussi les lieux publics à disposer d’une salle pour l’allaitement, sous peine de sanction financière.
Hong Kong est donc bien à la traîne, et le poids des industriels du lait maternisé très présent. Quelques musées ou bibliothèques publiques proposent des salles pour l’allaitement, mais elles sont bien rares. Ce qui l’est moins, ce sont les témoignages de mamans refoulées d’un café parce qu’elles avaient voulu allaiter.
Selon la branche locale d’Unicef, le manque de soutien est le principal obstacle à l’allaitement à Hong Kong. Les plus gros hôpitaux de la ville, bien qu’ayant assuré vouloir obtenir le label « amis des bébés », n’ont encore entrepris aucune démarche officielle pour obtenir les accréditations.

Les grossesses adolescentes en déclin aux USA et en Angleterre

Daily Mail     The Atlantic

Pour la première fois depuis 1969 (date des premières mesures du phénomène), le nombre de grossesses adolescentes a chuté en Grande-Bretagne, d’au moins 10%. C’est une réelle victoire car le pays accuse un des taux de grossesses chez des mineures les plus élevés d’Europe. Cette baisse s’expliquerait par un changement de mentalité chez les jeunes filles qui perçoivent davantage la stigmatisation sociale qui accompagne ces grossesses et qui souhaitent aussi pouvoir poursuivre leurs études. L’accès à la contraception a été considérablement facilité, notamment l’accès à une contraception de longue durée telle que l’implant.
Un deuxième article, publié cette fois par The Atlantic, traite de cette même diminution des grossesses adolescentes mais aux USA. Depuis un pic en 1991, le nombre de naissances chez des très jeunes mères ne cesse de diminuer. Il n’empêche. Le taux est encore de 24 naissances pour 1000 femmes de 15 à 19 ans contre un taux de 11 en Europe, de 10 au Canada et de 4 au Japon. L’article souligne que contrairement à une idée reçue les jeunes Américains n’ont pas de relations sexuelles plus précoces ni davantage de partenaires sexuels que les générations précédentes, au contraire. Il aborde aussi la question de l’abstinence puisque c’est là une spécificité de la société américaine encore très puritaine : l’opinion publique considère dans de fortes proportions que l’éducation sexuelle devrait consister en une éducation à l’abstinence, selon le principe en apparence imparable que le meilleur rempart à la grossesse c’est l’absence de relations sexuelles.

Selon l’auteur toutes les études montrent pourtant qu’une éducation sexuelle basée sur un message d’abstinence est totalement inefficace. Les Etats américains qui prônent l’abstinence auprès des adolescents sont ceux où les taux de grossesse non désirées sont les plus élevés. De plus, les jeunes qui signent un « serment de virginité » les engageant à rester vierges jusqu’au mariage (une mode étonnante depuis une dizaine d’années) affichent des taux de MST identiques aux autres adolescents. Parce que lorsqu’ils brisent ce serment, ils sont moins enclins à utiliser un préservatif que leurs pairs ayant été davantage informés sur les moyens de contraception. L’auteur rappelle également que les programmes éducatifs qui sont axés sur la contraception plus que sur le message « dis seulement non » n’ont pas d’incidence sur le passage à l’acte en tant que tel. Evoquer la sexualité et la contraception avec un adolescent ne l’incite pas à sauter le pas (pas plus en tous cas que le désir, le sentiment amoureux, la curiosité, ou l’envie de faire comme les copains). Autre précision : les programmes éducatifs qui vont au-delà d’une information strictement médicale pour aborder les rapports sociaux et les dynamiques de pouvoir entre les sexes sont plus efficaces que tous les autres. L’auteur estime enfin que la contraception de longue durée (implant ou stérilet) est sous utilisée par les adolescentes alors qu’elle est la plus efficace contre le risque de grossesse non désirée.

Mère en surpoids, bébé carencé en vitamine D

News Medical

Le surpoids de la mère durant la grossesse semble entraîner un déficit en vitamine D chez le bébé à la naissance. Or cette faible teneur en vitamine D pourrait engendrer une fragilité osseuse. Ces résultats viennent ajouter une raison supplémentaire à l’inquiétude suscitée par l’obésité pendant la grossesse, des situations de plus en plus courantes.

Une étude sur la consommation de marijuana pendant la grossesse

News Medical

Les médecins déconseillent l’usage de la marijuana aux femmes enceintes. Problème : ils disposent de peu d’éléments dans la littérature scientifique pour étayer leurs recommandations. Un centre se santé materne et infantile du Colorado s’apprête à mener une enquête auprès de femmes enceintes consommant de la marijuana. Dans cet état où la consommation est légale, les patientes sont plus enclines à parler de leur consommation. Un questionnaire leur sera adressé et à la naissance du sang de cordon sera prélevé. Cette première étape permettra de comparer les réponses aux questionnaires avec la réalité des échantillons sanguins et de déterminer la meilleure façon de recueillir l’information auprès de la patiente. Des études complémentaires seront ensuite nécessaires pour analyser l’impact médical de cet usage de la mère sur le développement du bébé.

Moins de réussite en AMP après une dépression

News Medical

Cette étude souligne l’impact de la dépression et de la prise d’antidépresseurs sur les chances de réussite d’un protocole de FIV. Les auteurs soulignent qu’il existe un taux de réussite moins important pour les patientes qui ont été diagnostiquées comme dépressive dans les deux années précédant le traitement (qu’elles aient pris ou non un médicament) et pour celles qui ont été traitées par un traitement chimique. Ils reconnaissent néanmoins qu’ils ne savant pas si c’est la dépression en tant que telle ou ses conséquences sur le mode de vie qui peut expliquer ces résultats.

La FIV, meilleur moyen d’éviter les grossesses multiples

Daily Mail   News Medical

Lorsqu’un couple rencontre un problème de fertilité, il existe une gradation des méthodes proposées pour l’aider. Avant d’arriver à l’étape de la FIV, il est souvent proposé à la femme une simple stimulation ovarienne et la fécondation a lieu « sous la couette ». Le médicament utilisé est le clomid. Dans un éditorial du Journal Américain de gynécologie et obstétrique le docteur Eli Adashi considère qu’il faudrait peut-être revoir les procédures pour éventuellement passer directement à la FIV, en sautant l’étape de la stimulation ovarienne. C’est l’explosion du nombre de grossesses gémellaires qui l’amène à cette réflexion (pas récente d’ailleurs). Ces grossesses constituent un réel risque de complications avec un taux de prématurité élevé. Leur augmentation exponentielle est due à une combinaison de facteurs : l’âge plus élevé des mères et le recours plus fréquent à l’AMP.

Or, si la FIV conduit souvent à des grossesses multiples (parce qu’on réimplante plusieurs embryons) elle est aussi le meilleur moyen d’obtenir une grossesse simple. Il suffit de ne réimplanter qu’un embryon. Alors que la stimulation ovarienne sans FIV ne permet pas de contrôler le nombre d’ovocytes fécondés. Si la femme réagit particulièrement bien au traitement, plusieurs ovocytes peuvent mûrir simultanément au cours d’un cycle et être fécondés lors des rapports sexuels qui auront lieu au moment du déclenchement de l’ovulation. Plusieurs états américain, dont le Massachussets recommandent ainsi aux assureurs médicaux de couvrir les FIV avec un seul embryon et de ne plus passer par la simple stimulation ovarienne. En France, où les traitements d’AMP sont pris en charge par la sécurité sociale, en viendra-t-on un jour à considérer qu’il est plus économique de proposer une FIV avec transfert simple en première intention ? On économiserait ainsi les traitements de prise en charge des complications liées aux grossesses gémellaires.

Mener une grossesse non viable à son terme pour sauver d’autres vies

Daily Mail

Un choix déchirant. Les femmes enceintes anglaises dont le bébé souffre d’une grave malformation qui ne lui permettrait pas de vivre à la naissance (une anencéphalie par exemple) seront bientôt incitées à poursuivre la grossesse plutôt que d’opter pour une interruption médicale. Pourquoi ? Pour que les organes de leur bébé puissent être prélevés et utilisés pour des greffes. Sur les deux dernières années seuls 11 bébés ont été donneurs d’organes. Les autorités de santé anglaises estiment qu’on peut atteindre les 100 bébés chaque année. Les femmes qui accepteraient de renoncer à l’interruption médicale devraient donc poursuivre leur grossesse jusqu’à son terme et accoucher par voie basse d’un bébé dont elles savent qu’il ne pourra pas vivre. Mais qu’il sauvera des vies.

Fort risque de suicide avec une dépression du post-partum

News Medical

Une étude longitudinale réalisée au Danemark met en exergue le lien de causalité élevé entre une dépression du post-partum et le risque de suicide. Les femmes qui déclarent une dépression après l’accouchement ont un risque plus élevé d’attenter à leurs jours que les femmes qui ont une dépression non liée à la grossesse. Les auteurs considèrent donc comme crucial que ces femmes soient diagnostiquées et bien prises en charge.

Zika, ou le rêve brisé de la classe moyenne brésilienne

New York Times

Le New York Times raconte le rêve brisé d’un jeune couple brésilien qui a accédé à la classe moyenne (et donc échappé à la pauvreté), attendu d’avoir une relative stabilité financière pour se marier et faire un bébé et qui a été confronté à un nouveau fléau qu’il n’avait pas prévu : le virus Zika et la microcéphalie de leur bébé. Germana Soares, 24 ans, évoque la période qui a précédé sa grossesse : « ce moment assez magique où tout semblait possible ». Puis à six mois de grossesse, une microcéphalie est suspectée. Poignant récit.

Pédiatrie/Enfance

Chine cherche pédiatres

British Medical Journal

La Chine a besoin de former 22.000 pédiatres d’ici 2020 pour faire face à la prise en charge des enfants qui naîtront en masse avec la fin de la politique de l’enfant unique. Le pays a actuellement 118000 cliniciens pour 220 millions d’enfants de moins de 14 ans soit un ratio de 1 praticien pour 2000 enfants. En France nous sommes à 1 pédiatre pour 6000 enfants, soit une pénurie beaucoup plus prononcée !

Angleterre : Epidémie d’ados transgenres

Daily Mail

Il y aurait en Angleterre une explosion du nombre de mineurs réclamant un traitement (notamment hormonal) leur permettant de changer de genre sexuel : l’augmentation serait de 1000% en 5 ans. Certains experts cités par le Daily Mail estiment que le thème de l’identité sexuelle et des transgenres irrigue l’actualité et la fiction télévisée et qu’il s’agit donc d’une mode, d’autres s’interrogent sur l’origine du problème qui pourrait bien provenir des parents eux-mêmes. Plusieurs tirent en tous cas la sonnette d’alarme : ces traitements, onéreux, sont pris en charge par le système de soins et pourraient bien le mettre à mal.

Aux USA les droits bafoués des enfants migrants

New York Times

La France est confronté au casse-tête de Calais, les Etats-Unis, eux, font face à l’arrivée massive de migrants d’Amérique du Sud qui fuient les persécutions du Guatemala, du Honduras ou du Salvador. L’administration américaine essaie de gérer cet afflux tout en dissuadant au maximum les migrants, envoie les réfugiés devant des cours de justice bondée et expulse les immigrants qui n’auraient pas obéi aux ordres de quitter le territoire. De nombreux mineurs sont envoyés devant les tribunaux sans être assistés d’un avocat, ce que dénonce cet article. Parfois très jeunes, ces enfants n’ont aucun moyen de faire entendre leurs droits, ils ne sont même pas en mesure de comprendre ce qu’un tribunal attend d’eux. Aucune loi n’oblige l’Etat à attribuer un avocat à ces jeunes. Plutôt que de s’inquiéter de l’atteinte fondamentale faite à ces enfants, certains politiciens s’alarment de l’incapacité de l’Etat à renvoyer plus rapidement ces enfants de l’autre côté de la frontière, sans aucune prise en compte de ce qu’ils risquent.

Explosion des prescriptions d’antidépresseurs aux mineurs

Daily Mail

L’OMS a analysé la prescription d’antidépresseurs pour des mineurs dans cinq pays. En 7 ans (entre 2005 et 2012), elle a augmenté de 54% en Grande-Bretagne, de 60% au Danemark, de 49% en Allemagne, de 26% aux USA et 17% aux Pays-Bas. L’OMS se demande si ces médicaments sont délivrés avec discernement et rappelle que de telles molécules ne devraient être prescrites qu’en dernier ressort, et toujours s’accompagner d’une psychothérapie.

La ville qui ne voulait plus accepter l’inégalité des chances

The Atlantic

La ville de Charlotte, en Caroline du Nord, est étiquetée comme la pire ville où grandir en tant qu’ enfant pauvre. Elle affiche les principaux stigmates des villes les plus « dures » : ségrégation territoriale et ségrégation scolaire. Avec des facteurs aggravants : enseignants les moins expérimentés dans les écoles les plus pauvres et faiblesse des réseaux de parents impliqués dans la vie de l’école. « L’école n’a pas créé le problème, et on ne peut pas attendre de l’école qu’elle le résolve mais c’est l’endroit où la ségrégation, la tension communautaire et la toxicité se manifestent » dit Brian Collier, vice président exécutif de la fondation pour la Caroline, membre du groupe de travail qui s’est mis en place pour sortir les enfants pauvres de la ville de cette impasse.

Ce groupe de travail procède à des auditions des résidents mais aussi de spécialistes de la pauvreté. Tout est passé en revue, de la structure familiale aux opportunités d’emploi en passant pas les grossesses non désirées. Les travaux de nombreux économistes ont montré que la mobilité sociale est nettement favorisée par la mixité des quartiers. Mais Brian Collier sait bien que faire voter des lois pour favoriser une telle mixité est délicat. La ségrégation territoriale et scolaire a été le principal sujet de discussion pour le groupe de travail. Lequel a été assez surpris de découvrir que les habitants des quartiers pauvres n’étaient pas favorables à la politique du « busing », c’est à dire le fait de scolariser les enfants en dehors de leur quartier. Les jeunes de ces quartiers ont plutôt demandé à bénéficier de l’accompagnement de « mentors » qui les aideraient à mieux se familiariser avec les codes du système scolaire. Le groupe de travail ne veut pas lancer de grandes et généreuses préconisations qui seraient inapplicables. Il entend au contraire s’imposer une règle de crédibilité et de faisabilité.

Les enfants piétons et obèses davantage blessés

News Medical

Les jeunes piétons obèses sont davantage blessés dans des accidents de la circulation. Pas parce qu’ils seraient d’une constitution plus fragile ou parce qu’ils courraient moins vite pour échapper au danger. Non, parce qu’ils seraient en fait plus impatients et plus impulsifs que leurs pairs. Ils attendent moins longtemps avant de traverser et sont donc impliqués dans davantage d’accidents. Le fait d’attendre devant le passage piéton augmente la pression ressentie au niveau des articulations et cette situation inconfortable les incite à expédier la corvée et à mettre leur vie en danger.

Allergies: résultats surprenants d’une nouvelle étude

Daily Mail  New York Times The Guardian

Des chercheurs ont mis en évidence que l’introduction précoce des aliments les plus allergènes (cacahuètes ou œufs par exemple) permettait de réduire le risque de développer une réaction à ces aliments plus tard. La consommation hebdomadaire d’une cuillère et demi de beurre de cacahuète et de 2 grammes de protéine d’oeuf à partir de trois mois aurait une réelle incidence. Cette étude ne va pas aboutir à une modification des recommandations officielles américaines pour le moment mais devront être prises en compte dans les informations transmises au public.

Les jeux vidéos amélioreraient les résultats scolaires

News Medical

Cette étude vient nuancer la littérature scientifique qui met en exergue les effets délétères des écrans sur le développement social et cognitif des enfants. Elle montre que les enfants ayant une pratique intensive des jeux vidéos auraient de meilleurs résultats scolaires et une meilleure santé mentale. Les auteurs de l’étude avancent une explication : ces jeux vidéos, souvent en réseaux, font appel à des valeurs de cohésion avec les pairs et entraînent peut-être une meilleure intégration scolaire. Ils mettent néanmoins en garde contre une sur interprétation et estiment que la limitation des usages reste une composante importante de la responsabilité parentale.

Hong Kong suicide

Coconuts hong Kong   South China Morning Post

Neuf suicides en l’espace de sept jours en mars. Vingt-deux au total depuis le début de l’année scolaire. Des adolescents, des étudiants. L’émoi est palpable à Hong Kong ,les autorités s’inquiètent, les débats font rage dans la presse pour comprendre le désarroi de ces jeunes. Les regards se tournent vers la rudesse du système éducatif. Mais s’il ne s’agissait que d’une série, certes tragique, due au hasard, comme il y a des accidents d’avion en série , et qu’il ne fallait pas s’éreinter à chercher les racines du mal?, s’interroge Paul Stapleton, professeur associé à HK Institute of Education, dans une tribune du South China Morning Post. Le taux global de suicide à Hong Kong est légèrement en dessous de la moyenne mondiale, « ce qui indiquerait que la santé mentale, et les mesures prises pour pallier les maladies telles que la dépression sont gérées de manière raisonnablement efficace et sont dans la norme ». Quant au système éducatif, une étude récente menée par la Child Fatality Review Panel révèle que l’école n’est pas la raison évoquée par les mineurs pour expliquer les suicides, les « difficultés relationnelles  (famille, relation amoureuse) » arrivent en tête.
Cette analyse ne fait pas l’unanimité dans une ville où les demandes et pétitions pour assouplir les incessants examens infligés aux élèves, dès la maternelle, sont continues. Hong Kong caracole en tête du classement Pisa, en seconde position derrière Singapour. Mais cela a un prix.
Après le dernier suicide d’un étudiant, l’école a largement été mise en cause.
« Les élèves de Hong Kong passent moins de temps à jouer dehors que les détenus », titre par exemple le magazine Coconuts Hong Kong : 300 mn en 5 jours passer dehors pour un prisonnier, 295 mn pour un écolier, et encore, ce temps d’exercice physique comprend des temps de jeux réalisés en intérieur.
Pour répondre à l’émoi et tenter de juguler la tendance, les autorités ont promis d’envoyer des psychologues dans les écoles. Le South China Morning Post relaie justement le manque d’éducateurs susceptibles de détecter les élèves en détresse, pénurie en partie liée à des salaires dérisoires dans une ville pourtant parmi les plus chères au monde. Les salaires sont si bas que certaines écoles ne peuvent se permettre d’engager des conseillers à plein temps.
Les autorités mettent aussi à disposition des écoles un manuel en ligne de prévention du suicide qui comprend une charte « d’ engagement à la vie », sorte de contrat moral dans lequel le jeune s’engage à contacter des associations en cas de détresse. Le contrat a été la risée des réseaux sociaux.

USA : les enfants pauvres ne sont pas vaccinés contre le rotavirus

News Medical

Parmi les enfants américains qui ont reçu une première dose de vaccin contre le rotavirus (à l’origine d’une bonne partie des gastro-entérites) plus de 50% ne reçoivent pas les rappels. Et 40% des enfants de milieux défavorisés ne sont pas du tout vaccinés contre le rotavirus. La question peut sembler exotique chez nous dans la mesure où ce vaccin (il en existe deux, le Rotarix et Rotateq) ne fait pas partie de notre calendrier vaccinal et que très peu d’enfants sont donc vaccinés en France contre le rotavirus. Cette vaccination n’a pas tant pour but de réduire la mortalité (très faible dans les pays développés) que de réduire les hospitalisations (14.000 enfants de moins de trois ans hospitalisés chaque année en France) qui génèrent elles-mêmes des infections nosocomiales. L’inscription au calendrier vaccinal du Rotarix avait été recommandé par le Haut Conseil de la Santé publique mais le système de pharmacovigilance ayant recensé 2 décès et 201 effets indésirables graves, le processus a été stoppé.

Placer toute la famille, pas seulement l’enfant

PlanèteF

C’est sur le formidable site québécois PlanèteF que nous découvrons ce reportage sur une initiative française, en Alsace : depuis 1990 un foyer accueille les enfants placés par un juge avec leur famille. Les parents quittent leur logement et viennent vivre avec l’enfant dans la structure. Deux fois par semaine, au moment du dîner, un éducateur se joint à la famille pour « observer ». L’article raconte que pour certains, parents comme travailleurs sociaux, c’est une forme d’intrusion dans la vie de famille qui peut parfois être mal vécue. On objectera que toute intervention des services de la protection de l’enfance ou des services sociaux peut être vécue comme une intrusion. L’avantage : la famille ne vole pas en éclat. Cette forme de prise en charge n’évite pas forcément le placement in fine de l’enfant. Mais peut-être permet-elle de le faire mieux accepter.

Education/Ecole

Calquer l’éducation sur la médecine

NPR

Thomas Kane, professeur à Harvard, plaide pour que le domaine éducatif se dote d’un organisme similaire à la Food and drug administration, une entité qui soit capable de traduire les avancées de la recherche en des préconisations claires et accessibles, en des actions concrètes. Depuis 50 ans, selon cet universitaire, les spécialistes de l’éducation n’ont fait que rabâcher les mêmes constats sur les inégalités face à la réussite scolaire. Les travaux des chercheurs, nombreux, restent confinés dans des revues spécialisées et ne parviennent pas jusqu’aux personnes décisionnaires et ce qui se tente sur le terrain est rarement évalué. En la matière, et contrairement à l’univers médical, la recherche et le terrain restent totalement déconnectés.

Le succès de Trump traduit l’échec de l’école

Huffington Post

Un professeur de l’université d’Austin au Texas s’interroge sur cet apparent paradoxe : pourquoi les électeurs des classes moyennes/inférieures votent-elles pour un candidat comme Donald Trump, un milliardaire dont le mode de vie et les intérêts sont à des années lumière des leurs ? La première explication réside selon lui dans l’indéniable talent de bateleur de Trump. La deuxième explication tiendrait à des décennies d’incapacité du système scolaire à offrir un minimum d’égalité des chances. L’augmentation constante des frais de scolarité, argue John W Trapaghan, a accentué les inégalités d’accès à une éducation de qualité. Il ajoute que le nombre croissant de familles pratiquant l’école à la maison est également un problème : les enfants ne sont plus confrontés à des idées différentes de celles de leurs parents et donc moins incités à développer leur esprit critique. Pour l’auteur, l’école américaine est devenue un système qui produit des générations entières d’individus qui se sentent privés de leurs droits ou incapables de se sortir de difficultés économiques, ou encore des individus qui ignorent tout des perspectives, des croyances ou des modes de vie des autres. Et lorsque les gens n’ont jamais été exposés à des idées différentes des leurs il est plus facile de leur raconter n’importe quoi.

 

En Angleterre comme en France, les enseignants novices envoyés au front

The Guardian

Lors d’une conférence organisée par le Sutton Trust, organisme caritatif anglais, consacrée à la question de l’égalité des chances à l’école, avec un focus spécifique sur la meilleure façon d’offrir un enseignement de qualité aux enfants les plus défavorisés, les résultats d’une étude de l’université de Cambridge ont été divulgués. Cette étude montre notamment que les enseignants les moins expérimentés se trouvent dans les établissements les plus en difficultés, et que ce sont ces zones sensibles qui sont confrontées aux difficultés de recrutement et de maintien des postes les plus criantes. Une situation similaire à celle de la France où les professeurs ayant le plus d’ancienneté ont, de façon assez logique, plus de latitude pour choisir leur établissement et où de nombreux postes restent chaque année à pourvoir en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre. Le rapport lie la qualité pédagogique à l’expérience et pointe que c’est la compétence de l’enseignant qui a le plus d’impact sur la réussite des élèves les plus fragiles et donc sur la réduction des inégalités. Les intervenants de cette conférence ont insisté sur le fait que la motivation des enseignants dans les zones difficiles était une priorité et qu’elle passait notamment par les incitations financières.

Texas : quand toute la famille va à l’école

The Atlantic

A San Antonio une expérience originale est tentée pour aider les enfants défavorisés à réussir. Plusieurs jardins d’enfants (équivalents de nos écoles maternelles) accueillent les enfants et leurs parents. Pendant que les enfants vont en classe avec des élèves plus âgés et se familiarisent avec du matériel éducatif dernier cri, les adultes bénéficient aussi de l’accompagnement de personnels qualifiés qui les guident, encouragent la parentalité et développent l’engagement citoyen. Le programme créé par l’ancien maire de la ville considère que la pré scolarisation est un réel atout pour les enfants mais que permettre aux parents d’avoir accès à des services via l’école est une façon de les aider à sortir de la pauvreté. L’idée est bien, aussi, de développer le sentiment d’appartenance à une même communauté. Les Etats-Unis, comme la plupart des pays de l’OCDE, ont bien compris que la prise en charge précoce des enfants est essentielle dans la lutte contre la pauvreté. Le constat est néanmoins que les enfants hispaniques (très nombreux au Texas), restent scolairement à la traîne, même lorsqu’ils ont pu être scolarisés précocement. D’où l’idée d’aller plus loin et de penser un programme plus global dans lequel les familles aient toute leur place. L’une des travailleuses sociales de l’école explique qu’il faut néanmoins se battre pour réussir à impliquer certaines familles, pour obtenir qu’elles priorisent l’éducation de leur enfant et que la fréquentation de l’école soit assidue. Elle les appelle régulièrement chez eux et usent d’un argument qui porte ses fruits : «quand vous étiez enfant a-t-on souvent appelé chez vous pour savoir pourquoi vous aviez manqué l’école ? » En général la réponse est non. Les parents comprennent alors l’opportunité qui est offerte à leur enfant.

Les Anglais font la chasse au point d’exclamation

The Guardian

Le département de l’éducation anglais vient d’édicter une nouvelle règle : les enfants ne peuvent pas utiliser le point d’exclamation pour des phrases qui ne présentent pas la syntaxe de l’exclamation. Deux éditorialistes du Guardian débattent sur le sujet. Le premier applaudit, rappelant qu’un point d’exclamation mal placé tue l’intention ironique ou comique d’une phrase et que la ponctuation fait partie intégrante de la langue. La deuxième estime qu’un tel règlement risque de saper la créativité des élèves et leur désir d’expression et qu’il y a des problèmes plus urgents à régler, notamment le stress croisant des élèves.

Les élèves perturbateurs nuiraient au futur salaire de leurs camarades de classe

Adam Smith.org

L’auteur de ce texte remet en cause le principe des « comprehensive schools » qu’on pourrait traduire en français par « collège unique ». Les comprehensive schools reposent en effet sur l’idée que l’ensemble des élèves doivent suivre un cursus commun pour maîtriser un socle de compétences et qu’il ne faut donc pas procéder à une sélection des élèves avant un certain niveau. Tim Wortsall, contributeur de l’institut Adam Smith, think tank qui promeut l’économie libérale, estime dans ce billet que certains élèves n’ont absolument pas envie d’être en classe et qu’ils le font savoir par leur comportement. Il conteste que la scolarisation de ces enfants parmi les autres aient de réelles vertus. Au contraire, assure-t-il, on nie ainsi l’effet négatif à long terme de ces comportements agités et contestataires sur les autres élèves. Il mentionne une étude selon laquelle le fait d’avoir été confronté à des élèves perturbateurs pendant l’école élémentaire réduit le niveau moyen de salaire à l’âge adulte. Cette même étude aurait montré que la fréquentation en classe d’élèves en lien avec de la violence domestique expliquerait 5 à 6% du fossé entre les bas et hauts revenus et que le fait d’exclure un élève perturbateur d’une classe sur une année permettrait de revaloriser de 89.000 euros l’ensemble des futurs revenus de ses camarades de classe. Tim Worstall considère qu’il faudrait mettre dans la balance cette perte salariale future avec le gain social offert aux élèves perturbateurs par le fait d’être dans la même classe que les autres. Un argument supplémentaire pour les adeptes de l’évitement scolaire.

Enseignante sans espoir d’être mère

The Guardian

Très joli texte (comme souvent) dans la rubrique « Enseignant anonyme » du Guardian. La jeune femme exprime son ambivalence devant le fait d’être institutrice en école primaire et d’être confrontée à un problème d’infertilité. Sa dernière tentative de FIV vient d’échouer. « Puis-je réellement passer le reste de ma vie professionnelle à enseigner à des enfants sans en avoir moi-même ? » Elle raconte cette rage matinée de dépit, ce sentiment d’injustice face à des parents dépassés, négligents voire maltraitants, alors qu’elle aurait tant d’amour et de cadre à donner. Mais elle dit aussi à quel point les petits de sa classe, par leur vorace curiosité, l’ont empêché bien des fois de sombrer.

L’éducation des filles ne promet pas forcément la fin du sexisme

Quartz

Ce n’est pas très réjouissant. Le Bureau national des recherches en économies, aux USA, estime que l’augmentation du niveau d’éducation des femmes ne permet pas forcément de changer les mentalités des pays encore inégalitaires et d’améliorer la condition des femmes à une large échelle. La recherche a porté sur les Etats-Unis, le Canada, l’Europe et l’Asie. Il apparaît qu’aux USA, au Canada et dans plusieurs pays d’Europe, les femmes qualifiées ont plus de chance d’être mariées. C’est l’inverse qui prédomine en Asie, notamment à Hong Kong. Or, si ces femmes plus qualifiées, et donc plus émancipées, ne se marient pas et ne font pas d’enfants, elles ne pèseront pas sur les mœurs. Les études montrent en effet que les garçons élevés par des femmes qui font carrière sont plus susceptibles de développer des idées progressistes. Or ce sont les pays considérés comme les plus sexistes de l’étude (Taïwan, Corée, Japon, Grèce, Hong Kong, Italie) qui ont le taux de natalité le plus bas.

Le péril jeune, de plus en plus imminent

New York Times

Un quart de l’humanité est âgé de 10 à 24 ans. Une grande majorité de cette jeunesse vit dans des pays en voie de développement. Et c’est un sacré défi pour l’ensemble du monde. Car cette force vive peut être considérée de façon très positive mais aussi perçue comme une menace potentielle. Lorsque ces jeunes gens, pleins d’espoirs et de rêves, arrivent sur un marché du travail qui n’a rien à leur offrir, les conséquences peuvent être dramatiques (et les pays en développement ne sont pas les seuls concernés). L’exemple de l’Inde est extrêmement parlant. Chaque mois un million d’Indiens atteignent l’âge de 18 ans. Les Indiens âges de 15 à 34 ans représentent la population des USA, du Canada et de la Grande-Bretagne réunis. Ces jeunes vont à l’école, sont connectés, et sont moins enclins que leurs parents à se contenter de ce que les anciennes générations ont à leur offrir. Or, « les aspirations, quand elles sont contrecarrées, peuvent être une force malveillante puissante », note l’auteur. Une augmentation du chômage des jeunes est un prédicteur sûr du mécontentement social à venir puisque « le contrat social est affaibli à cause des promesses non tenues ».

Finalement, les progrès survenus d’un côté pourraient bien se révéler à double tranchant de l’autre. La mortalité infantile diminue, la scolarisation augmente, c’est formidable. Le problème c’est que la scolarisation de tous les enfants ne garantit pas leur instruction. En d’autres termes, beaucoup d’enfants, parmi les familles les plus pauvres, vont bien à l’école, mais ils n’y apprennent pas grand chose. Or, le fait d’être scolarisé suffit à déclencher chez eux un désir de mobilité sociale. Qui ne sera pas comblé.
Le différentiel démographique induit de fortes migrations à l’échelle du monde. La masse des très jeunes gens des pays en voie de développement rêve d’un ailleurs et peut apparaître comme la solution au déficit démographique des vieilles nations, notamment européennes (d’où, notamment, la position allemande sur le sujet de l’immigration, en tous cas avant Cologne). Problème néanmoins : les vieilles nations doivent elles aussi composer avec le chômage des jeunes.

L’auteur conclut son article en insistant sur ce qui lui semble une autre bombe à retardement : le différentiel entre le nombre de garçons et de filles, en Inde et en Chine principalement, où les avortements sélectifs et meurtres de bébés de sexe féminin ont été pratiqués à grande échelle. Il n’y a pas assez de femmes, ce qui crée encore plus de tension pour les hommes sur le marché du travail. Un homme au chômage a moins de chance de trouver une épouse. Les femmes ont beau devenir une denrée rare elles n’en sont pas moins maltraitées, peut-être même encore plus.

Débusquer les idées fausses sur l’usage du numérique à l’école

American Federation of Teachers
Cet article se propose de disséquer cinq « mythes » en matière d’éducation et de nouvelles technologies et de montrer en quoi la science les infirme.

Le premier : les nouvelles technologies entraînent une révolution en matière de pédagogie. Faux! En fait, les pratiques de classe sont restées très stables sur les dernières années. Les auteurs assurent que les supports utilisés en cours n’auront jamais plus d’impact que la pédagogie en elle-même. Ils s’appuient sur les travaux de Richard Clark et David Feldon pour montrer que la pédagogie qui accompagne l’utilisation d’un support quel qu’il soit a plus d’impact sur la qualité de l’apprentissage que la nature du support. Ils citent également John Hattie selon lequel la pédagogie la plus efficace dans un environnement « traditionnel » reste aussi la plus efficace dans un environnement numérique. Il semble difficile aujourd’hui de tirer des conclusions des études déjà menées sur le sujet. Ne serait-ce que parce que les études qui concluent à un effet positif des nouvelles technologies sur les apprentissage confondent en fait une utilisation adéquate de ces technologies avec un apprentissage de qualité.

Les auteurs passent en revue les affirmations souvent entendues au sujet de l’impact du numérique sur la pédagogie. Les nouvelles technologies faciliteraient les apprentissages parce qu’elles permettraient différents « styles d’apprentissages ». Or, les spécialistes des sciences cognitives sont un peu fatigués de le rappeler : l’idée que les étudiants développeraient chacun une prédominance sensorielle pour apprendre, visuelle, auditive, kinesthésique (la théorie VAK) est sans fondement. Autre assertion : le multi-media favoriserait la construction des savoirs de l’élève par la découverte expérimentale, ce qui aurait un impact positif sur l’apprentissage. En fait, les études montrent que les programmes multi-media favorisant cette approche bénéficient davantage aux élèves qui ont déjà un solide bagage de connaissances dans le domaine travaillé. C’est le niveau de départ de l’élève qui a un impact plus que le support utilisé. Enfin, le numérique permettrait aux élèves de gérer eux-mêmes le séquençage des leçons. Seulement voilà, donner la possibilité à l’enfant d’influer sur le rythme de la leçon est en effet une bonne chose. Mais seul un petit nombre d’élèves tirera un bénéfice du fait de pouvoir choisir l’ordre des leçons, les tâches d’apprentissage ou le support. Pour la majorité, ce choix aura un impact négatif sur l’apprentissage.

Deuxième mythe passé au crible par les auteurs : Internet fait partie des classes parce que c’est un élément de l’univers personnel des enfants d’aujourd’hui. Il se trouve que la plupart des études menées sur le sujet mettent en évidence que les élèves eux-mêmes ne sont pas particulièrement désireux d’utiliser les nouvelles technologies en classe. Un auteur, Danah Boyd, relève que les jeunes utilisent le numérique essentiellement pour leur utilité sociale de mise en contact et de partage d’informations. Ce qui ne fait pas pour autant de Facebook ou de leur smartphone des outils d’apprentissage.

Troisième mythe : aujourd’hui les « digital natives » veulent un nouveau style d’éducation. Il paraîtrait que même l’inventeur de la formule, Marc Prensky la trouve désormais totalement obsolète. L’expression a amené avec elle son lot de clichés absolument pas vérifiés : les digital natives posséderaient de nouvelles façons d’apprendre, ils sont multitâches, ont l’esprit d’équipe et sont collaboratifs, ils aiment le jeu, l’interaction, la simulation, ils veulent une gratification immédiate. Certaines études montrent qu’en fait la jeune génération ne maîtrise vraiment bien qu’un nombre limité de nouvelles technologies (l’univers microsoft par exemple). D’autres chercheurs ont montré au contraire que les jeunes utilisent naturellement une grande variété de technologies, mais qu’ils le font essentiellement pour leurs loisirs. Ils semblent beaucoup moins à l’aise avec ces mêmes technologies lorsqu’il s’agit de les utiliser pour l’apprentissage ou l’acquisition de savoirs académiques.

Quatrième mythe: internet nous rend moins intelligent. Plusieurs neurologues (Nicholas Carr par exemple) ont tiré la sonnette d’alarme, estimant que l’usage d’internet modifiait en profondeur le cerveau humain et que c’était cet usage des nouvelles technologies qui expliquait que dans certains pays « l’effet Flynn » était en train de ralentir. L’effet Flynn désigne la constante augmentation des capacités intellectuelles (mesurées à partir des tests de QI) de l’être humain. Les auteurs objectent que comme on ne sait pas ce qui peut expliquer l’effet Flynn lui même il est difficile d’avancer une explication à son ralentissement. L’amélioration des résultats aux tests de QI ne traduit pas forcément une croissance de l’intelligence humaine mais peut-être les résultats d’une éducation imitant de plus en plus ces tests. Le fait que Google apparaisse comme une « mémoire externe » et que le cerveau humain ne soit plus obligé d’emmagasiner toutes les informations nous rend-il plus bête ? Les auteurs de l’article reconnaissent être incapables de répondre à cette question. Certains chercheurs estiment que Google ne sert qu’à stocker les informations non nécessaires ce qui nous permet de faire un meilleur usage de notre cerveau, d’autres que cette utilisation des nouvelles technologies ne change pas fondamentalement les connexions cérébrales et que nous n’allons pas perdre notre capacité à nous concentrer comme nous n’allons pas perdre notre capacité à lire ou à écouter.
Les auteurs font une incise sur les effets des nouvelles technologies sur les très jeunes enfants, rappelant les récentes mises en garde des sociétés savantes quant au lien entre l’impact cognitif des écrans et les modifications structurelles du cerveau des tout petits. Ils notent néanmoins que la plupart des études portent sur l’exposition à la télévision et pas aux écrans interactifs et qu’elles mettent en exergue une corrélation plutôt qu’un lien causal. En d’autres termes il existe peut-être d’autres facteurs permettant d’expliquer les faibles résultats scolaires des enfants suivis que le fait de beaucoup regarder la télévision.

Cinquième mythe: les jeunes ne lisent plus. Les auteurs reprennent les études les plus récentes qui montrent que les adolescents continuent de lire pour le plaisir, en dehors des livres imposés à l’école. Les chiffres de PISA soulignent néanmoins que la lecture « plaisir » chute dans la plupart des pays de l’OCDE. Mais, comme le soulignent les auteurs, elle augmente dans certains d’entre eux et reste stable aux Etats-Unis. Et évidemment le rapport à la lecture continue d’être très corrélé au milieu socio-économique. En tous cas, cette intuition que les jeunes liraient beaucoup moins de livres n’est pas étayée par une littérature scientifique très fournie.
Pedro De Bruyckere, Paul A.Kirschner et Casper D.Hulshof s’interrogent sur la persistance de ces mythes et dénoncent l’omniprésence des charlatans qui publient tout ce qu’ils veulent et s’expriment partout sans que soit jamais contrôlée leur expertise. Ils plaident pour une approche plus scientifique des réflexions sur l’éducation. Exactement ce que prônait Franck Ramus, chercheur français, dans son intervention aux Controverses de Descartes le 19 mars.

Controverse toujours vive sur la prévention de la radicalisation en Angleterre

The Guardian

La politique de lutte contre la radicalisation en milieu scolaire continue de susciter des débats en Angleterre. Cette nouvelle directive incite les enseignants à être très vigilants au discours des élèves et à signaler tout comportement qui leur apparaîtrait comme le signe d’une soudaine radicalisation. David Anderson, un parlementaire chargé d’observer l’application de la loi sur le terrorisme, estime que ces nouvelles consignes amènent à museler la parole et à empêcher le débat. Elles fragiliseraient les enseignants qui se sentent désormais mal à l’aise pour aborder ces sujets et préfèrent les éviter. Les parents seraient eux aussi réticents à parler de la question du terrorisme islamique en famille de peur que l’enfant ne répercute ces discussions à l’école et qu’elles soient mal interprétées. Il laisse entendre qu’un tel climat de suspicion généralisée ne permet plus d’aborder sereinement et frontalement le sujet. Un autre parlementaire est de son côté monté au créneau pour demander un meilleur contrôle des madrassas dans lesquelles les jeunes musulmans passent beaucoup d’heures en dehors de l’école.

La Belgique à l’heure du débat sur les rythmes scolaires (avant les attentats)

Le Vif  (Texte en français)

Avant les attentats survenus à Bruxelles, la Belgique préparait elle aussi une grande réforme scolaire et notamment des rythmes scolaires. L’option envisagée : allonger la journée d’école jusqu’à 17h30 au lieu de 15h30 aujourd’hui. La pause méridienne serait considérablement allongée, et les devoirs seraient effectués à l’école. Les associations de parents y sont apparemment favorables. Marie-Eve Lapy-Tries, mère de famille, publie une tribune pour dénoncer ce projet. Elle estime qu’il déposséderait les parents de leurs prérogatives éducatives en les cantonnant au rush du bain-souper-dodo (certainement cette dame ne travaille-t-elle pas à temps plein). Elle voit aussi dans cet allongement du temps scolaire une façon d’adapter l’école aux contraintes des parents salariés, c’est à dire aux contraintes imposées par le capitalisme marchand. Autre argument : certains enfants sont harcelés à l’école et se serait pour eux « l’enfer qui se prolonge ». Enfin, elle estime que l’école propose un mode de pensée et qu’il est bon que les enfants puissent bénéficier d’une multitude de points de vue, ce qui n’est pas possible s’ils y passent tout leur temps.

Cultiver le bonheur à l’école

New York Times

Jessica Lahey, enseignante et écrivain reprend l’argumentation développée par Emma Seppala, chercheuse à l’université de Stanford, dans son livre « Happiness track » sur l’avantage d’avoir dans une classe des élèves heureux. Pas seulement concentrés ou motivés mais réellement heureux. Jessica Lahey évoque les mythes souvent véhiculés en matière d’éducation : la croyance que le succès va forcément de paire avec le stress et l’anxiété, la persévérance à tous prix, la suppression de toute faiblesse personnelle, une vision assez myope axée sur la culture de l’expertise dans un créneau spécialisé. Comment aider les enfants à cultiver le bonheur qui leur permettrait d’être en meilleure santé et plus réceptifs aux apprentissages ? En les aidant à vivre le moment présent, notamment lorsqu’ils sont concentrés sur une tâche. Ne serait-ce que parce que lorsque l’esprit s’égare et se projette sur la tâche suivante, le stress augmente. Deuxième conseil : aider les enfants à devenir résilients en domptant leur système nerveux pour faire face aux difficultés et aux challenges. Méditation, yoga, exercices de respiration peuvent être utiles. Troisième proposition : valoriser le calme et l’économie d’énergie dans une société qui a toujours tendance à vouloir aller plus vite et à promouvoir l’excitation ou les émotions fortes. Emma Seppala incite ainsi à laisser les enfants ne rien faire. Elle prône aussi de développer la compassion et l’altérité, plus que l’esprit de compétition.

Les actions ciblées sur les plus pauvres sont les plus efficaces

The Atlantic

Caridad Araujo est spécialiste du financement des programmes de pré scolarisation dans les pays d’Amérique du sud. Elle est interviewée par The Atlantic et c’est très instructif. Elle explique ainsi que la banque inter américaine pour le développement investit massivement dans les services d’accueil du jeune enfant de qualité mais aussi dans les programmes de soutien aux parents. « Visites à domicile, sessions collectives, le but est de promouvoir de meilleures pratiques parentales, une plus grande qualité des interactions au domicile, plus d’opportunités pour la stimulation sociale et l’apprentissage. » Cette spécialiste explique d’un point de vue économique l’intérêt d’une pré scolarisation de qualité. « Nous savons que le plus fort retour sur investissement avec les interventions en petite enfance apparaissent quand ces investissements ciblent les familles les plus désavantagées et quand les services proposés sont de très haute qualité.» Elle prône donc une politique de prévention précoce et ciblée (ce qui suscite chez nous nombre de débats).

Néanmoins, si elle estime que la pauvreté est l’un des facteurs de risque les plus forts concernant le développement d’un enfant et ses chances de réussite, il n’est pas le seul. L’exposition au stress et à la violence est aussi un facteur de risque. Ces risques se surajoutent souvent les uns aux autres. Caridad Araujo estime que le soutien apporté aux familles doit évidemment être un soutien économique et social. Un parent moins soucieux de savoir comment il va se loger ou nourrir son enfant sera plus à même de l’accompagner dans son développement. Mais elle l’affirme : les familles pauvres ne manquent pas seulement d’argent. Elles manquent aussi, souvent, du savoir nécessaire pour donner à un enfant toutes les chances d’atteindre son potentiel. « Il s’agit de ce savoir qui permet de rendre les parents conscients du rôle crucial qu’ils peuvent jouer dans le développement de leurs enfants. Beaucoup d’adultes n’ont pas conscience de l’importance de ce rôle, même lorsque l’enfant est très petit, à quel point les bébés sont sensibles aux interactions avec les adultes, à quel point ils ont besoin de ces échanges, ces interactions permanentes, de ce babil, pour leur développement et celui de leur cerveau. Leur faire prendre conscience de tout ça, leur prodiguer des outils qui leur permettront d’interagir, leur expliquer comment jouer avec leur bébé, comment créer des opportunités d’apprentissage, c’est la meilleure façon de soutenir les familles dans leur rôle. »