Voici, pour la période couvrant le mois de mars 2017, notre sélection de contenus parus en anglais, sélectionnés pour la plupart dans des revues scientifiques, et portant sur la périnatalité ou le développement de l’enfant. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.

Iran : forte réduction de la mortalité infantile en 25 ans

The Lancet

Des chercheurs iraniens ont conduit une méta analyse permettant de mesurer la baisse du taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans dans le pays entre 1990 et 2015. Cette baisse est régulière, le taux médian de réduction de la mortalité annuel est de 4,9%. Le nombre d’enfants de moins de cinq ans décédés pour mille naissances vivantes était de 63,6 en 1990 contre 19,4 en 2015. Pour chaque bébé mis au monde, la probabilité de mourir avant cinq ans a donc baissé de 70% en 25 ans. L’accès à des services de soins primaires à bas coût (vaccination, prise en charge des maladies infantiles, planification familiale) mais aussi l’accès à de l’eau propre ont été décisifs. Des facteurs moins liés au secteur sanitaire ont contribué à cette amélioration : l’augmentation du taux d’alphabétisation des femmes (passé de 56% à 88% en 30 ans), l’amélioration socio-économique du pays à grande échelle, l’urbanisation. Les auteurs déplorent néanmoins de fortes inégalités selon les provinces. Ils plaident pour l’instauration de services de néonatalogie dans les régions les plus en difficulté et pour une meilleure couverture des thérapies de supplémentation, en fer, en acide folique et en vitamines mais aussi pour une amélioration des indicateurs socio-économiques et des allocations financières pour les plus démunis.

Impact des retardateurs de flammes sur le développement des 3-5 ans

Environmental Health

Cette étude analyse le lien éventuel entre l’exposition d’enfants de 3 à 5 ans à des retardateurs de flamme -composés connus pour impacter le développement de l’enfant- et leurs compétences sociales en maternelle. L’étude a montré que tous les enfants testés étaient exposés à ces toxiques. Les résultats ont mis en évidence un effet dose au-delà duquel l’exposition a un impact sur le développement social des tout-petits. Les enfants les plus exposés manifestaient une attitude moins responsable et moins assurée en classe, et davantage de problèmes de comportement externalisés.

Avoir plus de 25 ans, facteur de risque pour le relâchement du périnée en postpartum

Female Pelvic Medicine and reconstrutive surgery

Les femmes de plus de 25 ans ont 2,5 fois plus de risques d’être confrontées à un relâchement du périnée après l’accouchement que les femmes plus jeunes. Les femmes ayant accouché par voix basse sont davantage confrontées à cette difficulté que les femmes césarisées après une période de travail.

Les enfants porteurs de TSA identifient moins les émotions du visage même quand elles sont exacerbées

Journal of Autism and Developmental Disorders

Les études qui analysent la difficulté des personnes souffrant de troubles du spectre autistique à mettre en lien des expressions faciales avec des émotions ont produit des résultats contrastés. Certaines n’ont ainsi pas mis en évidence un quelconque déficit de reconnaissance des émotions faciales chez les autistes. Pour les auteurs de la présente analyse, il est possible que ces études n’aient pas abouti parce qu’elles ne s’appuyaient que sur des émotions fortes et donc des expressions accentuées. Or, les personnes autistes peuvent mettre en place des stratégies cognitives et linguistique de compensation qui leur permettent d’identifier les émotions lorsqu’elles sont marquées. Il existe en fait une controverse sur le fait de savoir si la difficulté des personnes autistes à reconnaître les émotions sur un visage surviennent uniquement pour les émotions de basse intensité. Pour les auteurs, il est néanmoins préférable de pratiquer les tests avec des expressions de faible intensité, plus conformes aux interactions vécues au quotidien. Autre limite des précédentes études: elles portaient sur des échantillons réduits.
Ici, les chercheurs ont mis en place une plateforme de test en ligne. Ils ont posé comme hypothèse que les enfants autistes auraient plus de difficulté à identifier les émotions faciales que les enfants du groupe contrôle, que les difficultés seraient plus marquées pour les émotions de faible intensité et qu’elles seraient corrélées à leurs habiletés sociales, reportées par les parents à travers un questionnaire.
Tous les enfants participants devaient être âgés de 6 à 16 ans, avoir l’anglais pour langue maternelle et ne pas avoir de problèmes de vision (ou alors porter des lunettes adaptées à leur deficit visuel). 63 enfants autistes ont participé et le groupe contrôle a comptabilisé 64 enfants. Six émotions basiques ont été retenues (joie, tristesse, colère, dégoût, peur, surprise) avec huit niveaux d’intensité, incarnées par quatre visages prototypes réalisés à partir des photos d’une quinzaine d’individus (voir ci-contre). Pour chaque émotion, le point de départ n’est pas un visage neutre mais un visage arborant une expression ambiguë car les visages neutres sont davantage associés à des émotions négatives qu’à une réelle neutralité et ils ne permettent donc pas de réellement partir du même point de départ pour chaque émotion testée. Chaque visage est montré de façon assez rapide, afin que les enfants n’aient pas le temps de recourir à d’autres stratégies pour identifier l’émotion.

En parallèle, un test de vocabulaire et de formes géométriques étaient proposés aux enfants et les parents devaient répondre à un questionnaire permettant d’évaluer les compétences sociales de leur enfant.
Résultats : les enfants diagnostiqués avec un TSA sont moins capables d’identifier les émotions, quelle que soit leur intensité. Mais en ce qui concerne les très faibles intensités (proches des « visages ambigus » du départ), les différences entre les deux groupes sont minimes. Les différences entre les groupes sont moins marquées en ce qui concerne la peur et la surprise. Une fois exclues les performances sur les très faibles intensités (médiocres dans les deux groupes), les différences entre le groupe des enfants autistes et le groupe contrôle sont restées significatives, même dans les fortes intensités, ce que ne montraient pas les études précédentes. Les auteurs en concluent que le déficit de reconnaissance des émotions faciales des enfants porteurs de TSA n’est pas corrélé à l’intensité de cette émotion. Ils notent également que les enfants des deux groupes ont eu tendance à faire les mêmes erreurs, à confondre par exemple le dégoût et la colère ou à prendre la peur pour de la surprise. Les enfants porteurs de TSA semblent donc utiliser les mêmes indices que les autres pour décrypter une émotion. De façon surprenante les auteurs n’ont pas décelé de corrélation entre les résultats obtenus à cet exercice de reconnaissance faciale et le questionnaire de compétences sociales rempli par les parents.

Moins de sport et plus d’écrans pour les garçons des milieux à bas revenus

European Journal of Sport science
Des chercheurs finlandais ont étudié le lien entre activité sportive et milieu socio-économique des parents. Ils relèvent que les enfants âgés de 6-8 ans issus de familles à faibles revenus pratiquent beaucoup moins de sport que les autres enfants et ont davantage d’activités sédentaires. Les filles de milieu populaire sont encore plus sédentaires que les garçons mais sont moins exposées aux écrans. Les garçons des milieux à bas revenus sont devant un écran en moyenne cinq heures de plus par semaine que les garçons des catégories plus aisées.

Analyser l’impact du plomb sur le développement cognitif des enfants, sans le biais socio-économique

JAMA

Cette recherche menée en Nouvelle-Zélande auprès d’une cohorte longitudinale de 565 individus montre l’impact à long terme d’une exposition au plomb. Il existe un lien marqué entre le dosage de plomb dans le sang à 11 ans et le score du quotient intellectuel au même âge mais également à 38 ans. Les individus dont la concentration en plomb dans le sang était supérieure à 10µg/dL à l’âge de 11 ans ont, à l’âge adulte, un statut socio-économique inférieur à celui de leurs parents. Des études antérieures ont montré que l’exposition des enfants au plomb conduit à de moins bonnes fonctions exécutives, à des troubles similaires aux troubles de l’attention avec hyperactivité. Le grand intérêt de cette étude est d’essayer d’évaluer la part de la seule influence du plomb, en dehors des considérations socio-économiques. Les travaux qui portent sur ce sujet doivent en effet en général composer avec le facteur socio-économique, perçu comme un biais nécessitant d’ajuster les résultats (le devenir des enfants et leurs moindres performances intellectuelles peuvent être tout autant corrélés à la faible instruction de leurs parents qu’à leur exposition au plomb). Statistiquement ce sont les enfants des milieux défavorisés qui sont aujourd’hui davantage exposés au plomb (dans les peintures des appartements notamment).

Dans la cohorte de Dunedin, ce n’est pas le cas. Les enfants sélectionnés ne l’ont pas été parce qu’ils étaient considérés comme « à risque » pour des raisons socio-économiques mais juste parce qu’ils étaient nés en 1972-73. A cette époque, la population néo-zélandaise était relativement homogène d’un point de vue ethnique et socio-économique. Le pays avait l’un des taux de plomb contenu dans l’essence le plus élevé des pays occidentaux. Ces enfants ont été exposés par les gaz d’échappement. Donc, de façon assez « égalitaire », quel que soit leur milieu social. Le fait qu’il existe bien une corrélation entre le niveau de contamination à 11 ans et un déclassement social à l’âge adulte tend donc à montrer que c’est le plomb qui apparaît comme le facteur majeur.

A deux ans, les moins bonnes performances cognitives et langagières des prématurés

JAMA

Cette recherche menée à partir d’une cohorte australienne vient confirmer toutes celles réalisées avant elle : la prématurité modérée ou sévère a un impact certain sur le développement des enfants. A deux ans (âge corrigé), les enfants nés prématurément avaient de moins bons scores que les enfants nés à terme sur le plan cognitif, langagier et moteur. Le retard était également perceptible sur le plan du développement social et émotionnel.

Canada : les mineurs et jeunes adultes blessés par armes à feu selon leur statut migratoire

CMAJ

Des chercheurs canadiens ont étudié la prévalence des blessures par armes à feu sur les enfants, adolescents et jeunes adultes dans l’Etat de l’Ontario, chez la population native et chez les migrants. Il apparaît que les blessures accidentelles sont plus fréquentes chez les Canadiens autochtones tandis que le taux de blessures dues à un tir intentionnel est équivalent quelle que soit la nationalité d’origine. Parmi les immigrés, les jeunes adultes réfugiés ont un risque accru d’être blessé par armes à feu par rapport aux non réfugiés. 68% des migrants blessés par une arme à feu proviennent d’Amérique centrale ou d’Afrique.

Toucher délicatement, et souvent, les prématurés pour stimuler leur cerveau

Current Biology
Cette étude s’intéresse à la façon dont les soins prodigués en unité néonatale, basés sur le toucher, participent à la maturation du cerveau et façonnent le développement du système somato-sensoriel. Les chercheurs montrent que le cerveau du bébé sera d’autant plus réceptif à des soins prévenants que ce bébé aura bénéficié par ailleurs d’un contact prolongé et répété avec ses parents ou avec un soignant. Plus les expériences de peau à peau, de douceur, se répètent, plus son cerveau y répond positivement. A contrario, plus les expériences désagréables ou douloureuses ont été fréquentes, et moins son cerveau réagit aux caresses. Pour que leur cerveau développe les mêmes processus somato-sensoriels que les enfants nés à terme, ces bébés ont besoin d’être délicatement touchés le plus souvent possibles.

La génétique impacte les effets des interventions psycho-sociales

Plos One

Il y a 13 ans, lorsque des chercheurs sud africains ont expérimenté des visites à domicile auprès de femmes enceintes pour stimuler le processus d’attachement avec leur futur bébé (ce que propose en France le dispositif PANJO via la PMI), ils ont été passablement déçus par les résultats, peu probants. Mais ces résultats ont été réexaminés à la lumière d’un nouvel indicateur : la génétique. Et ça a tout changé. Sur les 449 enfants qui avaient participé à l’étude originelle entre 1999 et 2003, 279 ont été ré-enrollés et ont passé des tests génétiques. Ces tests ont permis d’avoir une toute autre lecture des premiers résultats. L’effet modéré de l’intervention au niveau global s’explique notamment par la grande variabilité de l’effet produit sur chaque enfant. Certains ont tiré de forts bénéfices de la guidance menée auprès de leur mère, d’autres beaucoup moins. Or, entre les deux catégories d’enfants, les réceptifs et les peu réceptifs, il existe une variable d’ordre génétique, le gène SLC6A4, qui transporte la sérotonine. Les enfants pour lesquels les visites à domicile antérieures à leur naissance s’étaient révélées positives sont porteurs de la version courte du gène. Parmi ces enfants porteurs de la version courte, à l’âge de 18 mois, 84% d’entre eux manifestaient un attachement sécurisé lorsque la mère avait bénéficié d’un accompagnement prénatal mais ce taux n’atteignait que les 54% lorsque la mère faisait partie du groupe contrôle.

En revanche, pour les enfants porteurs de la version longue du gène, les taux d’enfants avec un attachement sécurisé étaient identiques entre les deux groupes (70 et 71%). Pour l’ensemble des enfants, le différentiel entre le groupe testé et le groupe contrôle est presque totalement attribuable aux enfants porteurs de la version courte du gène. Donc, lorsqu’on prend en compte cette donnée génétique, l’intervention se révèle beaucoup plus efficace que ce que les chercheurs avaient pu penser à l’époque. Les auteurs de la dernière analyse n’éludent pas les questionnements éthiques et pratiques que soulèvent ces résultats. Comment composer à la fois avec des notions d’égalité (proposer à tous les individus d’une population donnée le même service) et un impératif d’efficacité (ne proposer, en période d’austérité ou dans des pays disposant de faibles moyens que des mesure utiles)  ? Si l’on sait que certains enfants, sur des critères génétiques, ne tireront aucun bénéfice d’un programme onéreux, faut-il le leur refuser et se concentrer sur les enfants génétiquement « réceptifs » ? Ou le ciblage poussé à l’extrême.

Les réseaux sociaux ne créent pas de nouvelles victimes de harcèlement

European Chidl and Adolescent psychiatry

Cette étude menée auprès de 2745 élèves britanniques âgés de 11 à 16 ans souligne que le cyber-harcèlement n’a pas augmenté le nombre absolu d’enfants victimes de harcèlement. Les réseaux sociaux sont en fait utilisés comme un moyen supplémentaire de harceler des enfants qui l’étaient déjà de façon « traditionnelle ». Parmi les collégiens interrogés, 39% ont affirmé être victimes de harcèlement mais seuls 1% n’étaient victimes que de cyber harcèlement. En revanche, les enfants harcelés de multiples façons (en direct et via internet) présentent davantage de difficultés comportementales et la plus faible estime de soi de l’échantillon. Les campagnes de prévention qui ciblent le cyber harcèlement ne doivent donc pas omettre de prendre en compte le harcèlement tout court et ses racines.

Repérer le risque de dépression du postpartum chez les femmes enceintes avec antécédents psychiatriques

Psychiatrist

Il est possible d’identifier, au cours du troisième trimestre de grossesse, des signes d’alerte chez les femmes enceintes avec des antécédents dépressifs. Cette recherche menée auprès de femmes enceintes ayant déjà connu des épisodes dépressifs mais d’humeur stable pendant leur grossesse montre qu’un repérage effectué à partir d’un questionnaire très précis entre le 6ème et le 9ème mois permet de prédire une rechute dépressive en post partum. Trois sujets sont particulièrement pertinents car très prédictifs : l’activité professionnelle, les insomnies et les tendances suicidaires. L’utilisation d’anti-dépresseurs chez des femmes euthymiques (d’humeur normale) pendant le troisième trimestre n’empêche pas la survenue d’un épisode dépressif après la naissance.

Effets positifs de la santé « mobile »

JAMA
En pédiatrie, la télé-médecine, c’est à dire les conseils ou rappels adressés via des technologies mobiles se révèlent assez efficaces. A condition que les parents ou la personne en charge de l’enfant soient bien mis dans la boucle.

Ajuster l’IMC selon l’origine ethnique des enfants

Nature
L’indice de masse corporelle est l’outil communément utilisé pour mesurer l’éventuel surpoids des enfants. Mais cet indicateur peut se révéler imprécis et trompeur, notamment pour les enfants d’origine asiatique ou africaine. Les chercheurs montrent en effet que l’IMC sous-estime l’adiposité des enfants asiatiques et surestime celle des enfants africains. Il est donc nécessaire d’ajuster cet outil selon l’origine ethnique des enfants.

La mortalité des mineurs à l’échelle mondiale

JAMA pediatrics
A l’échelle du monde, le nombre de décès de jeunes de moins de 18 ans est passé de 14,18 millions en 1990 à 7,26 millions en 2015. Mais les progrès n’ont pas été équitablement répartis, les écarts se sont même creusés. Les pays avec l’index socio-démographique le plus faible concentraient 61% de ces décès en 1990. Ils en concentrent aujourd’hui 75%. En 2015 la plupart de ces décès surviennent en Asie du Sud et dans les pays d’Afrique sub saharienne. Les progrès ont été réalisés au niveau des infections, des problèmes nutritionnels et des soins en néonatalogie. Ce qui explique que la part de ces décès expliqués par des maladies non transmissibles ou par des blessures, a augmenté. Le taux d’enfants handicapés a augmenté de 4,3%, augmentation imputable à la croissance démographique et aux plus grandes chances de survie à un âge plus avancé des enfants. Ces handicaps sont dus à des infections, des séquelles de la naissance et carences nutritionnelles. L’anémie, les troubles du développement cognitif, la perte d’audition et de la vision, l’épilepsie constituent d’importants contributeurs au handicap infantile dans le monde. La santé maternelle et reproductive constitue une cause importante de maladie chez les adolescentes, essentiellement dans les pays les plus pauvres. Le handicap se retrouve davantage dans les pays avec un indicateur socio-démographique élevé.