Voici notre sélection d’articles parus en juin 2018 dans de nombreuses revues scientifiques internationales et portant sur l’autisme. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit.

Réels effets des prises en charge comportementales mais niveau de preuve faible

Cochrane Developmental, Psychosocial and Learning Problems Group

Cette revue de littérature sur les interventions comportementales précoces pour les enfants porteurs d’un trouble du spectre de l’autisme date initialement de 2012 et vient d’être réactualisée par les auteurs. Cinq études portant sur un total de 219 enfants (de 30,2 mois à 42,5 mois) ont été inclues. Ces prises en charge intensives (20 à 40 heures par semaine) améliorent le comportement adaptatif, réduisent la sévérité des symptômes, permettent une progression des compétences langagières (expression et en réception) et une réduction des troubles du comportement. Mais pour chacun de ces items le niveau de preuve est faible. Pourquoi ? Parce que chaque étude présente une faible taille de l’échantillon faible et que l’inclusion d’études non randomisées entraîne un risque de biais.

Perception et croyances dans la communauté coréenne new-yorkaise

Transcultural Psychiatry

Il s’agit ici d’une étude qualitative dont l’objectif est de cerner les croyances culturelles communautaires qui entravent le soin des enfants immigrés porteurs d’autisme et de troubles du développement. Comme un premier pas vers un meilleur dépistage et une orientation plus précoce vers la prise en charge. L’étude fait partie de travaux plus vastes sur l’autisme au sein de la communauté coréenne de New York. Elle confirme que le malaise, la stigmatisation et la discrimination constituent les attitudes prévalentes dans cette communauté. La compréhension des familles et des professionnels de l’autisme et le soin apporté sont affectés par les croyances. Les auteurs soulignent qu’il est certainement préférable d’approcher les familles avec un discours général sur le développement de l’enfant et l’éducation plutôt que de leur parler directement d’autisme et de troubles du développement.

Difficile d’identifier des modèles développementaux spécifiques entre l’autisme, l’hyperactivité et l’anxiété

Journal of child Psychiatry and psychology and allied disciplines

Les enfants porteurs d’autisme sont souvent atteints d’un trouble de l’attention avec hyperactivité ou d’anxiété. On ne sait pas encore très bien si ces troubles partagent les mêmes schémas développementaux ou si ces schémas sont distincts. 104 enfants de familles présentant un risque faible ou élevé d’autisme ont été suivis, avec des questionnaires auprès des parents à l’âge de 7, 14, 24 et 38 mois puis à sept ans. Il apparaît qu’une augmentation du niveau d’activité et un pauvre contrôle inhibiteur des enfants petits est corrélé aux symptômes ultérieurs du TDA/H mais pas à ceux des TSA ou de l’anxiété. Une plus grande prévalence d’un caractère timoré et de la timidité est associée dans un premier temps avec les symptômes de l’anxiété mais aussi avec les TSA. Mais une fois contrôlée avec le groupe « à haut risque », l’association entre la timidité et l’anxiété devient non signifiante et une fois pris en compte les symptômes d’autisme, le lien entre le caractère timoré et l’anxiété devient marginal. Pour les auteurs, lorsqu’on prend en compte la spécificité des prédicteurs du TDA/H, le modèle développemental précoce des TSA et du TDA/H semble plutôt distinct. Le recoupement des signes très précoces de l’anxiété et des TSA les rendent difficiles à différencier lorsque l’enfant est tout petit. Pour ces deux troubles, il pourrait y avoir un cheminement développemental commun ou bien des convergences dans leur manifestation comportementale très précoce.

Prévention de l’autisme : miser sur la sensibilité maternelle dans les familles à risque

Autism

Les interactions mère-enfant constituent un processus proximal impliqué dans le développement précoce de l’enfant qui apparaît particulièrement saillant pour les enfants à risque d’autisme. Les auteurs de cette expérience souhaitent vérifier que les indices du comportement maternel peuvent et doivent être pris en compte dans les interventions qui visent à réduire le risque de TSA. Ils ont recruté des mères avec leur bébé, et notamment des mères ayant déjà un enfant autiste (leur bébé est donc considéré comme à risque), et ont codé les interactions mère enfant dans des moments de jeu, aux 6 mois, 9 mois et 12 mois du bébé : regards, expression des affects, vocalisation, relances multimodales, sourires. Les mères des bébés à haut risque et celles des bébés à bas risque ont obtenu les mêmes scores et ont adopté les mêmes comportements pendant le jeu. Deux comportements maternels sont apparus positivement corrélés au comportement de l’enfant. La manifestation d’émotions positives, et l’utilisation de réponses ou de relances multimodales, entraînent davantage d’émotions positives, de vocalisations, de regards adressés et de réponses multimodales chez l’enfant.

Aucune corrélation entre l’alcool pendant la grossesse et l’autisme

Journal of Autism and developmental disorder

D’après l’analyse de la cohorte britannique Millenium, aucune corrélation statistique ne peut être mise en évidence entre une consommation d’alcool, même élevée, pendant la grossesse et les troubles du spectre de l’autisme.

Des familles immigrées moins sensibilisées aux troubles neuro développementaux

Academic Pediatrics

Cette équipe de recherche américaine a mené une enquête auprès de 539 familles à faibles revenus de l’Oregon afin d’évaluer leur degré de familiarité avec les signes précoces d’un trouble du développement. Les familles blanches, même les plus défavorisées, semblaient capables d’identifier les premiers signes de l’autisme ou de l’hyperactivité. Les parents latino-américains ou d’une autre origine en revanche étaient moins susceptibles d’avoir entendu parler de ces troubles ou de connaître une famille concernée. Pour combler les inégalités de dépistage et de prise en charge il est donc nécessaire d’assurer un transfert d’informations vers ces populations.