Cette méta analyse effectuée par une équipe brésilienne met en évidence l’impact des interventions axées sur les parents sur le développement cognitif des bébés prématurés.

Les auteurs de cet article* publié en juin 2019 dans le “Jornal de Pediatria” proposent un passage en revue des interventions précoces axées sur les familles, pour les bébés prématurés, avec ou sans risques sociaux. Douze études ont été incluses dans la synthèse qualitative (2559 participants, 1305 dans le groupe intervention et 1254 dans le groupe contrôle). Sur ces 12 études, 10 font aussi l’objet d’une synthèse quantitative. Sept modalités d’intervention ont été passées au crible. Parmi les programmes pris en compte on trouve le IBAIP, le NIDCAP, le VIBeS Plus et deux programmes utilisant des supports vidéos.

Interventions centrées sur les parents

La plupart contiennent des préconisations à l’intention des parents. Le groupe contrôle a bénéficié des soins usuels (suivi par un thérapeute pour les soins physiques si nécessaire, massages, visites de contrôle après la sortie, soins centrés sur l’enfant, unité kangourou…). Sur les 12 études, quatre ciblent des enfants à risques sociaux dont trois incluent à la fois la prématurité et le risque social. Le développement cognitif est évalué dans toutes les études, le développement moteur dans 11 et quatre se sont intéressées au développement langagier.
Selon les études, les enfants ont été testés entre 6 et 36 mois. Les interventions étaient la plupart du temps individuelles avec un nombre de séances variant de 5 à 13 délivrées au cours de la première année de l’enfant et axées sur l’éducation parentale, dans le but de stimuler le développement de l’enfant.

Aider les parents à interpréter les signaux du bébé

Elles s’appuient pour la plupart sur la théorie synactique du développement néonatal qui décrit le fonctionnement du nouveau-né prématuré, à partir de l’interaction entre 5 « sous systèmes » : le végétatif (respiration, organes vitaux) , le moteur (posture, tonus, mouvement), l’organisation des états (veille/sommeil), l’attention et l’interaction (capacité de l’enfant à répondre aux stimuli), l’auto-régulation (capacité de l’enfant à maintenir un équilibre entre les sous-systèmes). A partir de cette théorie, les interventions visent une meilleure réciprocité dans la relation parent/enfant, l’amélioration de l’auto-régulation du bébé et une meilleure compréhension par les parents de ses besoins.
Le comportement néo-natal s’exprime à travers des signaux associés à chacun de ces sous systèmes. Les parents capables de détecter ces signaux sont davantage en mesure de répondre aux besoins de leur enfant. Les interventions précoces apprennent aux parents à décoder ces signaux et visent à augmenter la réciprocité dans les interactions parent-enfant.

Des effets sur le développement cognitif

Concernant les effets : 9 études sur 12 ont noté des effets sur la cognition, 5 sur 11 sur le développement moteur, aucune sur le langage. La plupart des interventions ont permis une amélioration de la cognition des enfants. Lorsque le risque social est pris en compte, on ne note pas de progrès significatif pour les enfants de familles pauvres (ce qui constitue un résultat contraire à celui obtenu par le programme pionnier Carolina Abecedarian). Pour les auteurs il est possible que le nombre et l’intensité des sessions n’aient pas été suffisants pour impacter le développement cognitif et moteur d’enfants présentant un double risque biologique et social. Ils avertissent sur l’hétérogénéité des données recueillies qui ne permettent pas de conclure de façon tranchée.

Les auteurs concluent que les effets de ces interventions précoces axées sur la famille ont des effets positifs, surtout sur la cognition des enfants nés prématurés, et quand elles sont basées sur la théorie synactique du développement néonatal.

*Effects of early intervention focused on the family in the development of children born premature and / or at social risk: a meta-analysis; Rachel de Carvalho Ferreira, Claudia Regina Lindgren Alves, Marina Aguiar Pires Guimarães,Kênia Kiefer Parreiras de Menezes, Lívia de CastroMagalhãese, in Jornal de Pediatria (juin 2019)