Le Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire fête ses trois ans. Pour l’occasion c’est lui qui offre un cadeau : un condensé des travaux accomplis pendant cette première moitié de mandat et qui ont porté sur les apprentissages fondamentaux, l’inclusion scolaire ou la mixité sociale à l’école.

Trois ans après sa création, à mi-parcours de son mandat, le CNESCO présente un premier bilan de son action, sous la forme de « 30 propositions phares pour faire réussir tous les élèves ». Les préconisations sont été sélectionnées parmi les centaines formulées au fil des 21 rapports publiés par le CNESCO. Ces travaux reposent sur la littérature scientifique internationale, la mise à contribution de chercheurs et de praticiens nationaux et internationaux, la recension de dispositifs ayant prouvé leur efficacité et le principe de conférences de consensus (la dernière en date a lieu cette semaine et est consacrée à la différenciation pédagogique).

Dans un texte introductif, la présidente du CNESCO, Nathalie Mons, rappelle les très sérieuses difficultés auxquelles est confronté le système scolaire français : « On ne peut être qu’étonné par la gravité des résultats de certaines de nos enquêtes. La révélation d’établissements scolaires nombreux où il n’y a quasiment plus aucun métissage social ; des classes de niveau interdites par la loi depuis 1975 mais qui s’invitent dans près d’un collège sur deux ; des filières de l’enseignement professionnel qui accueillent des bataillons de jeunes défavorisés, pour beaucoup issus de l’immigration, dont on sait, dont on tait qu’ils ne trouveront pas un emploi avec seulement leur bac en poche; des régions aux publics défavorisés qui en plus recrutent des enseignants à des niveaux académiques significativement plus faibles que les zones géographiques riches… »
Pour enrayer ces blocages dont on ne cesse de mesurer les effets boomerang, l’équipe du CNESCO a donc identifié parmi les nombreuses données accumulées 30 propositions phares. On trouve notamment :

Faciliter les apprentissages fondamentaux

– Développer des expérimentations de divers dispositifs permettant un meilleur suivi individualisé des jeunes élèves. Avec par exemple le « professeur des apprentissages fondamentaux » qui suit une même classe pendant trois ans, du CP jusqu’au CE2 et qui est spécialement formé à la pédagogie des premiers apprentissages. Ou encore des classes CP-CE2 à effectifs réduits pour les élèves socialement défavorisés, notamment en éducation prioritaire, afin que les enseignants puissent modifier leur pédagogie en consacrant davantage de temps et d’attention à chaque élève. Enfin, le tutorat entre élèves.

– Soutenir les enseignants en recrutant des professeurs surnuméraires spécialisés dans l’accompagnement des élèves en français et en mathématiques dès le CP.
Mettre en place un grand plan de formation en « calcul mental » et « stratégies de résolution de problèmes » et en évaluer les effets. Nommer, dans chaque circonscription, des conseillers pédagogiques en mathématiques spécialement formés en didactique des mathématiques. Implanter, dans chaque école ou réseau d’écoles primaires, un « enseignant ressource » en mathématiques, membre de l’équipe pédagogique existante.

– Préparer, dès la maternelle, l’apprentissage de la lecture dans ses différentes dimensions (identification des mots, compréhension, utilité de l’écrit, plaisir de lire…). Privilégier un enseignement explicite de la compréhension pour tous les élèves et le prolonger aussi longtemps que nécessaire pour les élèves moyens et faibles afin d’en faire des lecteurs autonomes. Enseigner la lecture et la production de textes informatifs dans tous les domaines disciplinaires

Améliorer la diversité à l’école

– Intégrer des objectifs de mixités lors de la création de tout nouvel établissement (mêler les trois voies d’enseignement générale, technologique et professionnelle, fusionner des établissements situés à proximité géographique).

– Renforcer la mixité sociale dans les 100 collèges les plus ségrégués

Favoriser l’inclusion des élèves en situation de handicap

– Mener et rendre publique une enquête sur la mise en accessibilité de tous des bâtiments scolaires

– Mettre en place un équipement individuel en tablettes numériques équipées de logiciels offrant une alternative à la prise de notes et à la saisie de réponses pour les élèves en situation de handicap

– Prendre en charge l’accompagnement de l’élève en situation de handicap lorsqu’il est en stage ou en alternance

En finir avec les orientations corrélées au milieu social

– Appliquer le principe d’équité aux politiques d’orientation en développant un crédit d’heures accordées aux élèves boursiers pour leur orientation

– Limiter la pré-orientation au collège, comme les classes de 3 es préparatoires à l’enseignement professionnel, car elle renforce les inégalités sociales

– Proposer un véritable accompagnement pour la réussite au BTS et en classes préparatoires

Redonner de l’attractivité du métier d’enseignant

– Inscrire les politiques de recrutement des enseignants dans la durée en lien avec les besoins démographiques et les réformes décidées.

– Sécuriser l’entrée dans le métier des nouveaux enseignants en garantissant pour les néotitulaires un accompagnement très structuré pendant leurs deux premières années d’activité.
– Diversifier les profils des candidats aux métiers de l’enseignement. Attirer des profils de candidats plus expérimentés, en développant des actions visant à conforter à mi-carrière des reconversions vers l’enseignement

De nombreux sujets sont d’ores et déjà programmés pour la période 2017-2020 : inégalités territoriales, décrochage scolaire, savoirs fondamentaux, formation des enseignants, éducation à la citoyenneté, réforme et gouvernance, rôle des parents, numérique dans les apprentissages.