Nous vous proposons ici un bref résumé de trois études parues très récemment dans plusieurs revues scientifiques, sur la maltraitance et l’épigénétique, les effets de la prématurité sur les fonctions exécutives et enfin sur le développement langagier.

Les effets épigénétiques d’une intervention de prévention de la maltraitance

Preliminary indications that the Attachment and Biobehavioral Catch-up Intervention alters DNA methylation in maltreated children, Development and psychopathology, Décembre 2019, Hoye JR, Cheishvili D, Yarger HA, Roth TL, Szyf M, Dozier M.

On sait que la maltraitance dans la petite enfance peut avoir pour effet de modifier le génome de l’enfant. Des interventions précoces et intensives peuvent-elles empêcher ou freiner ces effets épigénétiques ? Il semblerait que oui. Une équipe de chercheurs s’est penchée sur le programme « Attachment and Biobehavioral Catch-Up ». Il s’agit d’une intervention protocolisée qui se déroule en dix séances au domicile des parents de très jeunes enfants (ici âgés de 6 à 21 mois). L’intervenant observe les interactions entre le parent et son enfant et fournit des retours instantanés sur ces interactions. La vidéo est aussi utilisée pour mettre en évidence à partir de l’image ce qui fonctionne ou pas dans les échanges filmés. L’objectif est de renforcer le caregiving du parent afin d’améliorer l’attachement de l’enfant. Cette étude compare deux groupes d’enfants (12 dans le groupe intervention, 11 dans le groupe contrôle) avec analyse du génome avant et après l’intervention. Il apparaît que la méthylation de l’ADN (en très résumé, le processus d’expression des gènes) est différente entre les deux groupes. Ces différences concernent plusieurs modalités génétiques, celle impliquée dans la signalisation cellulaire, le métabolisme et le développement neuronal. Si la maltraitance impacte le génome des enfants, on peut dès lors penser qu’une intervention suffisamment intensive permet d’atténuer voir d’annuler ces modifications épigénétiques.

Même un niveau modéré de prématurité altère le développement cognitif

Child Assessment of the executive functions of moderate preterm children in preschool age, Coelo et al, Applied Neuropsychology:

Cette étude a porté sur 30 enfants de 4 à 6 ans nés avec une prématurité modérée (entre 29 et 33 semaines de grossesse) dont on a comparé les fonctions exécutives et le développement socio émotionnel avec 31 enfants du même âge nés à terme. Il en ressort que les enfants nés prématurés présentent de moins bonnes performances sur le plan de la mémoire de travail, de contrôle inhibiteur
et de flexibilité cognitive et ont davantage de problèmes émotionnels. Pour les auteurs, il n’y a pas de seuil de prématurité à partir duquel les enfants seraient indemnes de toute séquelle. Ils concluent qu’il est donc essentiel d’évaluer tôt les fonctions exécutives des anciens prémas afin de pouvoir mettre en place des interventions qui permettront de compenser d’éventuelles inégalités avant l’entrée à l’école élémentaire.

Ce qui facilite et freine le développement langagier

Effects of Home Language Environment and Household Crowding on Early Expressive Language Development
Journal of development and behaviroal pediatrics, San San Kyaw K, Tin Tin S, Underwood L, Grant C.

A partir d’une cohorte néo-zélandaise de 5960 enfants, les auteurs de cette étude investiguent les liens entre l’environnement langagier au domicile, la taille de la famille et le développement langagier de l’enfant. L’environnement langagier est analysé à partir des habitudes familiales en matière de jeu, de conversations quotidiennes, de chants et de lectures de livres lorsque l’enfant a 9 mois. Les compétences langagières des enfants sont ensuite évaluées à deux ans.
Chaque activité de l’environnement langagier est associée avec de meilleures compétences langagières. Le fait de pratiquer 3 activités permet une nette augmentation du niveau de langage. Mais cet effet de l’environnement langagier est moins prononcé en cas de sur-occupation du logement.