Voici, pour la période septembre-octobre 2017, notre sélection d’études et contenus sélectionnés dans des revues scientifiques (en anglais donc), et portant sur la périnatalité. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.

Grossesse après une chirurgie bariatrique: les femmes pas assez nombreuses à suivre les recommandations

Obstetrics and Gynecology

Une étude publiée dans le journal américain des gynécologues et obstétriciens souligne que les femmes qui ont eu recours à la chirurgie bariatrique sont peu sensibilisées au conseil de ne pas débuter une grossesse dans les 18 mois suivant l’intervention. 4% d’entre elles essaient activement d’être enceintes et 42% ont eu au cours de cette période des rapports sexuels non protégés. Or, l’anneau bariatrique augmente le risque de bébé de petit poids pour l’âge gestationnel, de prématurité ou de soins intensifs en néonatologie.

Ne pas dormir sur le dos en fin de grossesse

The Journal of physiology
Pour la première fois des chercheurs ont observé l’activité foetale dans les quatre dernières semaines de grossesse en relation avec la position adoptée par la femme enceinte pendant son sommeil. Il apparaît que le fœtus est bien moins actif lorsque la future mère dort sur le dos. Or c’est par l’intensité de cette activité, notamment en fin de grossesse, que le bien être du foetus est mesuré. Pour prévenir le risque de mort in utero, les auteurs de l’étude recommandent donc aux femmes en fin de grossesse d’éviter de dormir sur le dos.

Les grossesses à haut risque dans le viseur des Américains

American Journal of Gynecology and obstetrics
Les Américains obtiennent de piètres résultats en périnatalité avec des taux de mortalité maternelle et infantile élevés pour un pays développé. Plusieurs sociétés savantes ont donc organisé en 2016 une conférence afin de dégager des critères de mesure de la qualité pour le suivi des grossesses à haut risque. Un résumé de ces travaux vient d’être publié. Le focus a été mis sur les naissances prématurées (400.000 femmes concernées chaque année), sur l’administration optimale des corticoïdes en anténatal ainsi que sur l’orientation des bébés de très petit poids vers le service de néonatologie adéquat. Ce document insiste aussi sur la prévention de la pré éclampsie avec un traitement adapté de l’hypertension pendant la grossesse, l’utilisation du sulfate de magnésium, et un suivi ainsi qu’une éducation à la santé des femmes ayant présenté de l’hypertension pendant la grossesse ou une pré-éclampsie à l’accouchement, afin de prévenir des troubles cardiaques futurs. Autre sujet de préoccupation : les césariennes. Les auteurs du rapport demandent des chiffres précis sur les taux de césarienne selon les grossesses (nulliparité, grossesse simple, gémellaire…) et recommandent la délivrance appropriée d’antibiotiques après l’intervention pour prévenir tout risque d’infection. Enfin, ils insistent sur les rendez-vous médicaux de dépistage : une amélioration de la qualité à cette étape a des effets importants sur les issues périnatales. La détection des anomalies à l’échographie et la qualité du diagnostic prénatal sont perçus comme des des facteurs clés de progrès.

Mieux accompagner les femmes avec des symptômes de pré travail

ClinicoEconomics and Outcomes research
Une étude américaine de très grande ampleur, menée sur plus de trois années auprès de 23.000 femmes enceintes qui s’étaient présentées aux urgences pour des signes d’accouchement prématuré, montre que le test de la fibrotectine permet une bien meilleure prise en charge de ces patientes. Parmi les femmes qui s’étaient présentées aux urgences mais en sont ensuite reparties sans être hospitalisées, une sur cinq a accouché dans les trois jours. 96% de cette population n’a pas bénéficié du test de la fibrotectine. A contrario, parmi les femmes hospitalisées, 9% n’ont pas accouché pendant leur séjour et parmi elles, 80% n’ont pas bénéficié du test. Les auteurs estiment que le recours plus organisé à ce test permettrait de mieux repérer les femmes réellement à risque et de ne pas imposer des soins inutiles à celles qui ne le sont pas.

Délivrance de multivitamines pendant la grossesse et prévention de l’autisme

British Medical Journal
Une étude effectuée à partir d’une cohorte suédoise établit une corrélation entre une supplémentation multivitaminique pendant la grossesse et une réduction du risque d’autisme associé à une déficience intellectuelle chez l’enfant. Les auteurs restent très prudents. Ces résultats sont prometteurs car ils ouvrent une piste fascinante en matière de prévention. Mais ils ne constituent qu’un point de départ. Il s’agit d’une corrélation et non d’un lien de causalité. De multiples facteurs entrent en ligne de compte, les potentiels biais ne manquent pas. Si un lien de causalité est avéré il faudra encore identifier la fenêtre de tir idoine pour l’exposition, la nature exacte des nutriments actifs, ainsi que la quantité requise.

L’asthme, facteur de risque pendant la grossesse

The Journal of Allergy and clinical immunology: in practice

Cette étude suédoise met en exergue les complications périnatales chez les femmes souffrant d’asthme. Elles rencontrent plus souvent un problème de pré-éclampsie (risque augmenté de 17%) et ont plus de risque de donner naissance à un bébé de petit poids, d’accoucher par césarienne. Pour éliminer les causes héréditaires ou environnementales qui pourraient expliquer ces complications, les chercheurs se sont intéressés aux sœurs et aux cousines de ses femmes, surtout celles qui ne souffraient pas d’asthme. Il semble bien que ce soit cette affection chronique qui explique les complications périnatales de ces patientes.

Difficile de soigner les femmes réfugiées

Public Radio International
Intéressant reportage effectué dans la ville Buffalo de l’Etat de New York qui accueille un grand nombre de réfugiés irakiens, afghans ou syriens, sur le choc que constitue le système de santé américain pour les femmes migrantes. Celles-ci ne sont par habituées à des soins de prévention primaire avec des visites médicales de routine et encore moins aux dispositifs de dépistage gynécologiques comme le recours au frottis dans le cadre de la prévention du cancer du col de l’utérus. Pour des raisons culturelles, elles peuvent se montrer extrêmement réticentes. Un médecin note qu’il n’est pas rare de trouver chez ces femmes un cancer du col non diagnostiqué. Pour un autre médecin, il est nécessaire d’expliquer à ces femmes que les préceptes religieux ne s’opposent pas à ce qu’elles prennent soin de leur santé. Ce praticien estime que les freins sont davantage culturels que religieux mais que les convictions sont tellement ancrées chez ces femmes qu’elles ne font elles mêmes plus la part des choses.

La réponse spécifique du cerveau maternel aux pleurs du bébé

PNAS

Quelle que soit l’origine ethnique ou culturelle des mères, ce sont les mêmes régions du cerveau qui s’activent lorsqu’il s’agit pour elles de répondre aux pleurs de leur bébé. L’étude suggère donc que le cerveau des mères est « câblé » pour répondre d’une certaine façon aux manifestations de l’enfant. Pour les auteurs c’est une spécificité féminine. La même équipe a en effet mené une expérience pour comparer les réactions neuronales d’hommes et de femmes (parents ou non) lorsqu’un pleur d’enfant est diffusé. Le cerveau des femmes change de mode immédiatement, passant d’un mode latent à un état de grande attention tandis que celui des hommes ne manifeste pas de changement d’état. Le « câblage » peut-il se traduire en langage non initié par la notion d’instinct ? Sujet délicat…

La saisonnalité de la dépression du post partum

American Society of Anesthesiologists
Une étude présentée au congrès annuel de l’association américaine d’anesthésie (mais pas encore publiée dans une revue scientifique), menée à partir d’une cohorte de plus de 20.000 femmes (dont 817 ont souffert d’une dépression) fait état de la plus forte prévalence de dépression du post partum lorsque l’accouchement survient en été. Les auteurs pointent d’autres facteurs de risque : l’origine ethnique puisque les femmes non caucasiennes sont plus susceptibles de faire une dépression après l’accouchement (en raison notamment de leur moins bon statut socio-économique dans les sociétés observées), le stade gestationnel (les mères de bébé nés à terme sont moins à risque), le surpoids maternel, l’absence de péridurale (les femmes n’en ayant pas bénéficié souffriraient davantage de dépression, en raison peut-être du traumatisme lié à l’accouchement).

Grossesse et surpoids: l’utilisation d’outils facilite l’éducation thérapeutique

Maternal and child Health Journal
Les auteurs de cette étude engagent les praticiens à utiliser des outils et supports de communication pour évoquer la question du poids avec leurs patientes enceintes. Le sujet est sensible, les médecins ne sont pas forcément à l’aise et les femmes, notamment celles en surpoids, peuvent vite se sentir jugées ou incomprises. L’étude menée montre que le fait de recourir à des supports « neutres » d’éducation à la santé améliore la communication et la réception des informations.

Effet neutre voire positif de la vaccination contre le HPV sur la fertilité

Pediatric and Perinatal Epidemiology

Le vaccin contre la papillomavirus présenterait des bénéfices en terme de fertilité pour une partie bien précise de la population, celle ayant déjà des antécédents de MST. Alors que les femmes qui ont déjà contracté une MST ont statistiquement plus de difficultés à concevoir, le fait d’être vaccinée remet les compteurs à zéro. Non seulement le vaccin conte le HPV n’a pas d’effet négatif en général sur la fertilité mais en plus il apparaît protecteur pour les femmes plus à risque.

De la difficulté de mener des études fiables et reproductibles sur les violences obstétricales

Reproductive Health Journal
Les auteurs de ces travaux ont voulu comprendre les variations dans la prévalence des violences obstétricales reportée lors de précédentes études. Ils soulignent qu’en raison de l’absence d’une définition opérationnelle de ce que sont l’irrespect et les abus dans le domaine obstétrical, du manque de règles en matière de techniques d’échantillonnage, de critères d’éligibilité trop flous ou d’absence d’harmonisation dans la façon de recueillir les données, les résultats des études existantes sont difficilement comparables et présentent certainement de nombreux biais. Ils soulignent qu’il existe une tension forte entre la nécessité d’avoir des mesures de prévalence fiables et généralisables et la volonté de ne pas perdre la validité des résultats recueillis dans un contexte donné.

45% de symptômes dépressifs chez les parents en sortie de soins de néonatologie

Children’s national health system
Selon cette étude américaine, 45% des parents de bébé prématuré souffrent de troubles dépressifs lorsque leur bébé quitte le servie de néonatologie. Les parents les plus stressés pendant les soins sont ceux qui manifestent le plus de symptômes dépressifs à l’issue de l’hospitalisation. Et les parents les plus âgés sont les plus stressés.

Endométriose et complications lors de la grossesse et de l’accouchement

Fertility and strility
Les femmes souffrant d’endométriose n’ont peut-être pas fait la plus dure partie du chemin lorsqu’elles parviennent à débuter une grossesse. Cette étude montre en effet qu’elles ont un risque beaucoup plus élevé de fausse-couche, de prématurité, de placenta praevia, de césarienne, et d’avoir un bébé de petit poids gestationnel. Pas d’association en revanche avec l’hypertension ou la pré-éclampsie.

Peu de preuves concernant les effets d’une faible consommation d’alcool pendant la grossesse

British Medical Journal
C’est l’un des sujets les plus controversés concernant les recommandations médicales pendant la grossesse : la consommation d’alcool est fortement déconseillée, avec un mot d’ordre qui impose le « zéro alcool », partant donc du principe qu’il n’y aurait pas d’effet dose et que le moindre verre, à n’importe quel stade de la grossesse, peut être délétère. Les auteurs de cette étude ont repris les données des recherches les plus robustes sur les effets de l’alcool pendant la grossesse en se concentrant sur les résultats relatifs à une faible consommation (deux verres jusqu’à deux fois par semaine soit un maximum de 32 grammes par semaine). Ils ont comparé ces résultats (complications pendant la grossesse et après l’accouchement, fausses-couches, prématurité, bébés de petit poids, retard mental et développemental de l’enfant, troubles du comportement) avec ceux obtenus lorsque la consommation est nulle. Ils ont sélectionné 26 études sur 5000. Cette consommation considérée comme faible entraîne un risque majoré de 8% d’avoir un bébé plus petit que la moyenne. Un sur risque de prématurité a été identifié mais les preuves sont plus faibles. Pour le reste des items recherchés, très peu d’études ont investigué les effets d’une faible consommation. Les données sont donc très rares. Les auteurs pointent ainsi : « Alors que la distinction entre une faible consommation et l’abstinence totale est l’objet d’une forte tension et d’une confusion pour les professionnels de santé et pour les femmes et contribue à des recommandations et des conseils inconsistants, notre revue de littérature étendue montre que cette question spécifique n’est pas suffisamment étudiée. »

Exposition in utero aux pesticides: l’acide folique prescrit juste avant ou juste après la conception peut atténuer le risque  d’autisme

Environmental health perspectives
Les mères qui ont pris un minimum de 800 grammes d’acide folique dans la période entourant la conception ont moins de risque d’avoir un enfant porteur d’un trouble autistique, même quand ces mères sont exposées aux pesticides. L’étude montre en effet une atténuation du risque d’autisme pour l’enfant lorsque les mères vivant dans des zones agricoles et donc exposées aux pesticides prennent une supplémentation en acide folique. L’étude montre donc qu’il existe bien un risque majoré d’autisme lorsque le fœtus est exposé in utero aux pesticides.

Découverte du gène impliqué dans la durée de la grossesse

The New England Journal of medicine
Une équipe de chercheurs américains et européens vient d’identifier les gènes qui régulent la durée de la grossesse et sont donc impliqués dans les accouchements prématurés. Cette découverte ouvre la voie à la mise au point de nouveaux médicaments pour lutter contre la prématurité, principale cause de décès et de complications pour l’enfant dans le monde. Ces chercheurs ont isolé quatre gènes qui semblent avoir un lien très clair avec la grossesse. Les scientifiques estiment que l’évolution et la durée d’une grossesse s’expliquent à 40% par la génétique. Cette équipe n’exclut pas que les gènes du fœtus lui même jouent un rôle mais ils affirment que ce sont bien les gènes de la mère qui sont déterminants. La prochaine étape va consister pour les équipes qui ont conduit cette recherche à comprendre les interactions entre ces gènes et les facteurs environnementaux.

L’utilisation du mobile pendant la grossesse n’a pas d’effet sur le développement de l’enfant

BMC Public Health
Cette étude menée à partir d’une cohorte norvégienne (45 389 paires mère-enfant) qui comprenait un questionnaire pendant la grossesse puis des tests de développement des enfants à 3 et 5 ans (pour ces tests, 17310 paires « mère-enfant » ont été concernées) a cherché à analyser les corrélations entre l’usage du téléphone mobile pendant la grossesse et le développement des enfants (langage, communication, développement moteur). L’objectif était notamment de voir si l’exposition des bébés in utero aux ondes électromagnétiques émises par les portables avait une incidence négative sur leur développement cognitif et moteur. D’après ces chercheurs la réponse est claire : aucun effet délétère de cette exposition précoce aux ondes ne peut être mis en évidence. L’étude montre même, au contraire, que plus les mères ont utilisé leur téléphone portable, plus les scores de l’enfant sont élevés, ce qui n’a rien à voir avec les ondes mais avec le profil des mères.
Dans cet échantillon, 9,8% des femmes ont rapporté ne pas s’être servi d’un mobile pendant leur grossesse. 39% ont été considérées comme ayant un usage faible du mobile, 4,3% ont été classées dans la catégorie « usage élevé ». Plus l’usage du téléphone portable est élevé, plus les femmes ont des scores élevés au test évaluant le degré d’extraversion de leur personnalité (7% des femmes n’ayant pas utilisé de mobile pendant la grossesse sont dans la catégorie « très extravertie » contre 26% chez les femmes ayant beaucoup utilisé le portable). Les enfants des mères utilisatrices ont 27% de risque en moins de présenter de plus faibles performances en complexité de phrase à 3 ans par rapport aux enfants des femmes non utilisatrices. Il existerait un effet dose concernant cette association (plus la mère a utilisé son mobile, moins l’enfant présente un risque d’avoir de faibles scores). La même association est observée concernant les compétences grammaticales et les retards langagiers légers (moins la mère a utilisé son portable, plus l’enfant présente des retards langagiers légers). En revanche, cette association n’est plus observée pour les troubles et retards sévères du langage. Elle reste valable pour le développement moteur.

Pour expliquer ces résultats, notamment pour les compétences langagières, les chercheurs émettent l’hypothèse suivante : les femmes peuvent être classées en deux catégories, les « grandes bavardes » et les « bavardes modérées ». Celles qui parlent beaucoup au téléphone sont supposées parler également davantage à leur enfant. La meilleure communication mère-enfant parmi les grandes utilisatrices de portable pourrait être un facteur explicatif. Les utilisatrices de mobile pendant la grossesse sont aussi plus jeunes, plus éduquées, avec un meilleur statut socio-économique (mais elles ont également davantage bu ou fumé avant la grossesse). En tous cas les auteurs l’assurent : l’exposition in utero des bébés aux ondes électromagnétiques des téléphones portables n’est pas associée à un développement neurologique altéré.

Un nouveau dispositif pour évaluer la maturité du cerveau des prématurés

Scientific Reports
Une équipe d’Helsinki vient de mettre au point un dispositif utilisant une intelligence artificielle pour évaluer la maturité du cerveau d’un prématuré. La machine, reliée au bébé par un électroencéphalogramme interprète les signaux reçus et en déduit le stade de développement du cerveau. Les auteurs expliquent que l’électroencéphalogramme, non invasif, peu coûteux et sans risque, requiert l’expertise d’un médecin très spécialisé et que le problème résulte plus dans l’analyse des données que dans leur recueil. Ce dispositif pourrait donc faciliter et accélérer la phase d’analyse et le diagnostic.

Influence des facteurs périnatals sur microbiote des enfants

Frontiers
Des chercheurs canadiens proposent une revue de littérature sur les facteurs périnatals qui impactent le microbiote du bébé. Ils ont par exemple passé au crible la césarienne, les traitements antibiotiques et le lait maternisé. Il ressort de cette analyse que les bébés nés par césarienne ou non allaités connaissent des « trajectoires altérées » quant à la colonisation de leurs intestins par les différents familles de bactéries et que ces altérations sont liées à la survenue ultérieure d’allergies alimentaires ou de prise de poids rapide.