Voici, pour la période novembre-décembre 2017, notre sélection d’études et contenus sélectionnés dans des revues scientifiques internationales, et portant sur la périnatalité. Vous trouverez, pour chaque focus, un titre de notre composition, le lien vers la ou les source(s) puis un résumé traduit du ou des article(s) mis en ligne sur le sujet.

L’allaitement exclusif jusqu’aux six mois de l’enfant de nouveau préconisé par une société savante américaine

Pediatrics

La société savante américaine dédiée à l’obésité (The Obesity Society) rejoint les préconisations de l’OMS et des principales sociétés savantes médicales américaines en se prononçant pour l’allaitement exclusif jusqu’aux six mois de l’enfant avec un allaitement prolongé au cours de la première année et au-delà dès lors qu’il est accompagné d’une diversification alimentaire appropriée et du désir mutuel de la mère et de l’enfant.

Le DPNI doit rester un outil de dépistage, non de diagnostic

Journal de l’association américaine pour la chimie clinique

La communauté médicale américaine connaît un certain malaise face à l’extension du recours au dépistage prénatal non invasif (DPNI), qui consiste, après une simple de prise de sang de la femme enceinte, en l’analyse des cellules foetales circulant dans le sang maternel. Ce test constitue un indicateur de risque très fiable pour la trisomie 21. Ce test était initialement proposé aux USA aux femmes dont le futur bébé semblait présenter un risque d’anomalie chromosomique, risque évalué à partir de la combinaison de trois éléments, l’âge maternel, les marqueurs sériques et la clarté nucale à l’échographie. Le DPNI permet en effet de limiter le recours à l’amniocentèse puisqu’en l’absence de cellules foetales anormales dans le sang maternel, le risque de trisomie est nul. Mais en 2016 le collège américain de gynécologie et obstétrique a recommandé de proposer le DPNI en première intention à toutes les futures mères. Seulement voilà, le DPNI a tendance à être désormais considéré comme un examen diagnostic et non comme un outil de dépistage. Or, si un résultat négatif permet d’écarter le risque de trisomie, les faux positifs, eux, sont possibles. Il est donc indispensable, en cas de DPNI positif, de procéder ensuite à une amniocentèse. Et visiblement, ce n’est pas ce qui se produit. Le risque est alors d’interrompre des grossesses alors que le fœtus n’est porteur d’aucune anomalie. D’où la conduite par un groupe d’experts d’un groupe de travail sur le sujet et la publication dans le « Journal de l’association américaine pour la chimie clinique » de quelques préconisations. Ces experts suggèrent notamment de proposer des consultations de conseil avant et après la réalisation du test afin d’informer au mieux les couples. Ils s’alarment aussi du fait que des laboratoires profitent du DPNI pour proposer le dépistage d’autres anomalies chromosomiques que la trisomie alors que le test n’a pas fait la preuve de sa robustesse en dehors de la trisomie. Autre source d’inquiétude : il semble que le DPNI ait de moins bons résultats en cas de grossesse multiple ou en cas d’obésité de la femme enceinte, des données que les médecins doivent impérativement prendre en compte au moment du choix des modalités de dépistage les plus adaptées.
En France le DPNI est officiellement entré dans la stratégie de dépistage prénatal de la trisomie en mai 2017, au moment où la Haute Autorité de Santé se prononçait pour son introduction et préconisait de le proposer aux femmes dont le résultat des marqueurs sériques se situe entre 1/51 et 1/1000. Mais l’arrêté qui doit fixer les modalités de prescription et la prise en charge éventuelle par la CPAM n’a pas encore été publié. Seuls quelques hôpitaux et cliniques privées le proposent gratuitement dans le cadre de protocoles de recherche ou de prises en charge spécifique hors sécurité sociale.

La grossesse bientôt pour les transgenres hommes devenus femmes ?

News-medical

Le site News Medical rapporte que lors du congrès annuel de la société américaine de médecine reproductive, le président de cette dernière, Richard Paulson, a assuré que les personnes transgenres qui sont nées hommes et sont devenues femmes pourraient dans un avenir proche mener à terme une grossesse en raison des progrès effectués en matière de don d’utérus. Il a aussi formulé l’hypothèse que des transgenres femmes devenues hommes pourraient tout à fait faire don de leur utérus aux personnes concernées par le processus inverse.

Cortisol dans les cheveux pendant la grossesse et dépression du post partum

Plos

Des chercheurs de l’université de Grenade viennent de montrer que le niveau de cortisol présent dans les cheveux de la femme enceinte durant le premier ou le troisième trimestre de la grossesse était très prédictif du risque de déclencher une dépression du post partum. L’étude montre aussi que les femmes souffrant de troubles dépressifs après la naissance avaient manifesté davantage de somatisation au cours du premier trimestre de la grossesse, de manifestations d’obsession et de compulsion, de dépression et d’anxiété au second trimestre et plus de stress spécifique à la grossesse au troisième trimestre.

Les maladies chroniques pendant la grossesse en forte augmentation

Obstetrics and Gynecology

Des chercheurs américains s’inquiètent de la forte augmentation des maladies chroniques (asthme, diabète, hypertension, troubles cardiaques) et de la consommation de toxiques chez les femmes enceintes, en population générale mais surtout parmi les femmes de milieu rural et à faibles revenus. Ces spécialistes notent qu’historiquement l’accouchement constituait la première cause de morbidité et de mortalité pour la femme enceinte maisyaujourd’hui ce n’est plus le cas. Aux USA, ce sont des conditions de santé pré existantes qui expliquent la plupart des complications liées à la grossesse. Les Etats-Unis constituent le seul pays développé avec un taux de mortalité maternelle en augmentation. Pour les années 2013-2014, les auteurs ont identifié 10% de femmes porteuses d’au moins une maladie chronique, ce qui représente une augmentation de 40% depuis 2005.

Améliorer le sommeil des femmes enceintes hospitalisées

Journal of clinical sleep medicine

La qualité du sommeil est essentielle pendant la grossesse, or la période est justement propice aux perturbations. Les femmes enceintes hospitalisées ont encore plus de difficultés à bien dormir. Une expérience menée par des chercheurs de San Francisco vient de montrer de très bons résultats. Des femmes enceintes en moyenne de 30 semaines, hospitalisées pour un risque d’accouchement prématuré ont bénéficié de conseils sur les saines habitudes de sommeil, de stratégies cognitivo-comportementales de gestion du stress et d’un kit permettant la mise en place d’un environnement positif pour le sommeil : ventilateur, machine diffusant des sons apaisants, masque pour les yeux, bouchons d’oreille. Le sommeil des femmes du groupe intervention était visiblement moins perturbé que celui des femmes du groupe contrôle et les premières avaient également moins de symptômes de douleur ou de nervosité.

Etude française sur le déclenchement : grande variabilité des pratiques

Journal of Gynecology Obstetrics and Human reproduction

Une étude française présente les résultats d’une recherche menée dans 94 maternité relevant de sept réseaux de périnatalité sur la pratique du déclenchement, pratique qui varie de 7,7% à 33% selon l’établissement. 75,5% des maternités ont répondu avoir pratiqué des déclenchements sans indications médicales et 23,4% le faire même sur un col défavorable. Les attitudes en cas de siège, d’antécédent de césarienne, de macrosomie ou de rupture des membranes avant le travail varient considérablement. La variabilité des pratiques et la persistance de méthodes déconseillées plaident pour de nouvelles recommandations.