Le 12 janvier 2016, suite à la remise du rapport de l’ancienne députée PS Sandrine Hurel, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des droits des femmes, a dévoilé son plan d’action pour la rénovation de la politique vaccinale.

« Les patients doivent devenir des acteurs à part entière de la politique vaccinale ». Face à la défiance d’une partie de la population, la ministre de la santé prône d’emblée l’échange et l’écoute de l’opinion publique. Prudente, elle n’a pas annoncé de changements immédiats, mais a détaillé une large concertation avec les Français, leurs associations, leurs scientifiques et leurs institutions pilotée par Alain Fischer, professeur en immunologie pédiatrique. Dès le mois de mai, un jury analysera les contributions laissées sur une plateforme web. Puis un débat public national précédera une série de propositions en décembre 2016. Sans éluder les questions qui fâchent : la perception de la balance bénéfice/risque à l’échelon individuel, les inquiétudes sur l’adjuvant/aluminium ou la frilosité face au vaccin HPV sont dans les têtes. Cette concertation sera déterminante dans le choix d’une cohabitation vaccins obligatoires/vaccins recommandés, ou dans l’abandon de l’obligation.

Les généralistes et les usagers dans la boucle

Trois autres actions accompagnent une optique de transparence et de cohérence. D’abord, l’information. D’ores et déjà, la publication d’un bulletin trimestriel actualisé à destination des professionnels de santé est programmée. Rappelant les erreurs passées, Marisol Touraine a affirmé : « Le médecin traitant doit être pleinement associé à la politique de vaccination ». Dès avril 2016, un site dédié à la vaccination sera mis en place par la future Agence nationale de santé publique (ANSP). De plus, sous la responsabilité de la Direction générale de la Santé, la création d’un « comité des parties prenantes » vise à anticiper les situations de crise, en intégrant les associations d’usagers. Enfin, l’accélération de la mise en œuvre du carnet vaccinal électronique vise à améliorer la statut vaccinal des patient (e)s.

Mettre fin à la pénurie de vaccins

Ensuite, la coordination, avec une mesure phare, le rattachement du Comité technique des vaccinations à la Haute autorité de santé. De même, les échanges entre le ministère, l’office national d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) et l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) doivent être formalisés. Cette gouvernance plus cohérente passe par un soutien à la recherche sur les vaccins, et le développement de solutions facilitant leur production, en lien avec le ministère chargé de la recherche.

Enfin, le dernier axe vise à régler les problèmes d’approvisionnement de certains vaccins. « Il n’est ni acceptable, ni compris, que les labos, ne rendent pas leurs vaccins accessibles » a déclaré la ministre, qui compte agir auprès des industriels pour éviter à l’avenir les pénuries. On pense naturellement au DTP, un basique qui demande de la patience ou un bon filon pour être obtenu. Désormais, les laboratoires devront préparer un plan de pénurie pour éviter ce type de dysfonctionnement. Et, pour lutter contre les tensions d’approvisionnement, Marisol Touraine a annoncé un assouplissement des autorisations d’importation.