La société Cap Enfants a confié à une chercheuse la réalisation d’une étude scientifique pour évaluer les effets de sa pédagogie sur le développement des enfants. Elle semble remporter son pari.

Dans le milieu des crèches d’entreprise (et des entreprises de crèches), Cap Enfants est un acteur un peu à part. Il s’agit d’un tout petit réseau (six crèches en activité pour le moment), sa création repose sur un concept pédagogique fort, l’ouverture à la musique et à la diversité culturelle, et son identité passe par l’invention d’un outil totalement innovant, la Bulle Musicale. Cet espace multi-sensoriel, igloo multicolore qui sollicite l’ouïe, la vue et le toucher, permet aux enfants de s’immerger dans les sons, musiques et langues.

Les crèches Cap Enfants font des activités musicales et de la découverte des autres cultures (toujours par la musique mis aussi par l’alimentation) les pierres angulaires de leur projet pédagogique qui repose par ailleurs sur l’autonomie, le développement de l’estime de soi, la socialisation et le respect de l’individualité.

Des résultats encourageants en adéquation avec les recherches antérieures

La fondatrice, Claudia Kespy-Yahi, a souhaité en savoir plus sur l’éventuelle influence de la pédagogie Cap Enfants sur le développement des petits. Elle a confié une étude scientifique à une chercheuse-psycholinguiste, Chantal Caracci, qui a fait passer une série de tests à 51 enfants âgés de 3 à 10 ans, tous accueillis dans une structure Cap Enfants au moins deux ans et au moins 4 jours par semaine. Ses travaux ont été supervisés par Marie-Thérèse Le Normand, de l’INSERM, grande spécialiste du développement du langage chez l’enfant.
Cap Enfants vient de rendre publics les résultats partiels de cette étude. Ils sont étonnants. « Les enfants ayant fréquenté les crèches Cap Enfants présentent des aptitudes significativement au-dessus de l’échantillonnage national. L’effet milieu est quasiment annulé. Ils sont en convergence et cohérence avec les conclusions de plusieurs chercheurs et praticiens qui considèrent le bénéfice apporté par l’environnement musical pour le développement de l’enfant. » Des études antérieures ont en effet établi un lien entre la musique et certaines compétences cognitives, dont le langage. Des chercheurs ont souligné que le traitement de la musique et celui du langage ont des bases cérébrales communes.

Un effet positif sur le langage et les fonctions exécutives

La chercheuse qui a réalisé l’étude met en exergue chez les enfants rencontrés, par rapport à la moyenne nationale : un vocabulaire plus riche, une mémoire plus développée, des capacités d’abstraction accrues, des liens logiques améliorés, une bonne aptitude à la concentration. Elle note : « La pédagogie Cap Enfants renforce les capacités d’apprentissages, quelque soit le milieu social, l’acquisition du vocabulaire, la concentration, la mémoire de travail ». Ces résultats viennent confirmer des premières impressions : « Lors de ces observations, l’un de nos premiers constats a été le fait que les enfants utilisaient un lexique plus riche et plus varié par rapport à des enfants déjà observés dans d’autres crèches lors de précédentes recherches ».

Pour Marie-Thérèse Le Normand, qui a supervisé l’étude, les résultats les plus probants sont ceux qui concernent le langage mais aussi l’attention et la mémoire de travail, deux fonctions exécutives fondamentales pour l’ensemble des apprentissages. Mais cette grande spécialiste invite à la prudence : il ne faut pas conclure trop vite. L’étude n’a pas englobé de groupe témoin, c’est à dire de comparaison avec des enfants accueillis dans d’autres crèches. C’est la prochaine étape.
Il faut également rappeler que les crèches Cap Enfants sont des crèches d’entreprise. Elles accueillent donc des enfants dont au moins l’un des deux parents travaille. S’il a été possible de comparer les résultats des enfants de cadres avec ceux des employés, l’échantillon ne comportait en revanche pas d’enfants de milieu très précarisé.
La démarche de la structure n’en demeure pas moins pionnière. Une fois encore.