Le 12ème colloque de l’ARIP, intitulé “Bébé attentif cherche adulte(s) attentionné(s)”, s’est ouvert le jeudi 17 novembre avec une séance plénière intitulée « L’attention dans tous ses états ». Cette conférence a vu se succéder dans l’imposante salle du conclave du Palais des Papes d’Avignon deux psychanalystes puis deux scientifiques spécialistes du cerveau et de la cognition.

Denis Mellier, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, ouvre le bal de ce 12ème colloque de l’Association pour la Recherche et l’Information en Périnatalité (ARIP). Il rappelle que l’attention est constituée de différents niveaux qui s’emboîtent les uns les autres.
« Quand j’ai commencé à travailler ces questions là, raconte-t-il, j’ai refait une lecture de ce que Freud disait au niveau de l’attention. Il part de la conception classique de l’attention mais il est aussi héritier de l’hypnose. Ces deux courants s’associent chez lui. » L’attention est aussi une attitude « pour permettre au patient du point de vue psychique de pouvoir remonter dans son propre inconscient. » L’attention est un flux, précise-t-il.
Autre conception de cette notion centrale : il s’agit d’une faculté qui va à l’extérieure, qui tâtonne “pour informer le moi”. Denis Mellier cite Winnicott, “la fonction alpha” de Wielfried Bion et la méthode d’observation d’Esther Bick, qui sera plusieurs fois mise en avant au cours du colloque. Cette démarche « aide à démultiplier l’attention, à affiner notre propre attention » : la personne qui veut apprendre auprès du bébé note de façon très descriptive ce qu’elle observe, repense au déroulement de ce qui s’est passé pour le transmettre à un groupe. « Le bébé est un attracteur de points de vue, remarque Denis Mellier, ce travail à plusieurs est salutaire. » Il évoque ensuite deux vignettes.

L’attention comme une interaction

Puis il prévient : « L’attention ce n’est pas purement intellectuel, cognitif. C’est toujours en lien avec ce qui se passe autour du bébé. C’est toujours un moment extrêmement fragile. D’où l’importance des rites traditionnels qui encadrent la naissance.(…) La cellule familiale se construit, les places de chacun se redispatchent. Le bébé est groupe, il est là, à droite, à gauche. Le processus d’individuation va se faire petit à petit. C’est très long. Il y a d’abord la construction du soi, le moi-peau. » Denis Mellier assure que les études cognitives peuvent beaucoup nous apprendre sur ces processus.
Il explique que des enveloppes se mettent en place, « c’est l’eau dans laquelle nous naviguons ». Et de préciser que dans les interactions « il y a des rythmes, des micro-rythmes, des moments de différenciation, des émotions qui posent les limites. L’enfant va créer son propre espace psychique. » Il évoque les enfants tyranniques : « il y a des questions d’autorité, de loi du père, mais il y a aussi comment le bébé peut se différencier de ses parents, comment le non va pouvoir être reçu, contenu. Par certains côtés l’enfant tient en faisant des bêtises, les adultes sont sur lui. »
Quid aussi de l’attention collective ? Tout le monde doit-il faire la même chose ? « Non, répond Denis Mellier, travailler en équipe n’est pas une uniformisation, c’est un travail de rassemblement des attentions. »

L’attention dans une société en mouvement

Dernier point évoqué : « nous sommes dans une culture, il y a des éléments qui nous sont communs. Il y a des changements, tout un tas de processus qui rendent inadéquats les repères anciens. On tâtonne pour trouver des repères nouveaux. On découvre le bébé, la parentalité est un mot récent. Mettre l’accent sur le parent est nouveau. On a le soin de l’individu. On est dans une culture de performance, on va demander aux parents d’être hyper-compétents. On a découvert des compétences et donc on individualise, on sépare le bébé de son environnement qui est porteur. » Ils s’ensuivraient des sentiments de solitude paradoxaux avec des parents qui n’ont jamais été autant informés mais qui pour autant sont désemparés.
En conclusion, Denis Mellier note qu’il s’agit d’une question citoyenne. « Ce qui a changé c’est l’économie de l’attention. C’est devenu une source de profits. Notre attention a une valeur dans l’économie marchande. »

Une attention active, périodique, polysensorielle

Après lui Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de Necker, psychanalyste, propose un historique de l’attention depuis Freud.
Et insiste : le terme d’attention est « ultra polysémique » puisqu’il est employé par des disciplines diverses, les cognitivistes, les neuroscientifiques, la psychanalyse, d’où l’intérêt de la notion de « transdisciplinarité », bien plus riche que la « mutlidisciplinarité » qui n’est que la « juxtaposition des savoirs comme une mosaïque sans joints ». Alors que l’interdisciplinarité viserait à « additionner les savoirs » et la transdisciplinarité à « travailler aux interfaces, aux joints pour faire surgir du nouveau ».
Il est nécessaire de distinguer l’attention interpersonnelle (être attentif aux objets externes) et l’attention intrapsychique (être attentif à ce qui se passe au dedans de soi). Avec Freud, on part d’une vision endogène de l’attention, pour aller au fil du temps, avec les neurosciences, vers quelque chose de plus en plus interactif, de l’ordre d’une co-construction.
Il évoque les « intuitions très fortes de Freud » : l’attention et la perception seraient intimement liées. Il s’agit d’un mouvement actif. « Percevoir c’est aller activement faire attention au dehors. La perception ce n’est pas du gloutonnage, c’est de la dégustation » qui fonctionne sur un mode périodique, comme un travail de radar. « Il s’agit d’une prise active au dedans de soi d’informations venant de l’extérieur en petite quantité ». Bernard Golse insiste : l’attention flottante est poly-sensorielle. Or, l’attention sensorielle réclame l’immobilité. Il fait remarquer que les étudiants qui n’écrivent rien sont souvent ceux qui écoutent le mieux. « L’attention est active, périodique, polysensorielle ». Bernard Golse parle du « dialogue des attentions » : « le processus d’attention du bébé dépend de la qualité de l’attention que nous lui portons, nous les adultes ».C’est une boucle, il est difficile d’être attentif à un bébé qui ne manifeste pas d’attention.

Les apports d’Emmi Pikler

Depuis 2007 Bernard Golse préside l’association Pikler-Loczi France. Il est donc bien placé pour rappeler l’histoire et les pratiques de la pédiatre hongroise Emmi Pikler qui « avait une très grande expérience des bébés en famille, des idées sur la liberté de mouvement, et donnait des conseils aux parents pour étayer leur enfant. »
Après la guerre, relate-t-il, Emmi Pikler a été frappée par des situations terrifiantes avec des enfants qui erraient dans les décombres. Elle a donc ouvert un lieu pour les accueillir, leur permettre de survivre et de se construire. Quelques 5000 enfants entre 0 et 6 ans ont été accueillis entre 1946 et 2011 par la pouponnière Pikler-Loczy. « S’occuper d’enfants dont on ne sait rien a été très moteur pour elle, assure Bernard Golse. Il a fallu toute l’attention des adultes, ce qui les a menés à une professionnalisation très réfléchie. » Laquelle a abouti à l’importance de la motricité libre, à la qualité des rencontres individuelles vitales, aux temps groupaux.
Bernard Golse note au passage que ces enfants avaient tous des facteurs de risque de TDAH en raison de leur petit poids, de la prématurité, des carences multiples.  « Or Sur les 5000 enfants, 4 sont devenus hyperactifs. Quand on nous dit que dans la population générale il y a 5 à 8% d’enfants atteints de TDAH c’est une plaisanterie. Ou alors il y a une prévention possible. »

De la compétence endogène vers la co-construction de l’attention

Il aborde ensuite les idées fortes qui émergent du travail effectué à Necker : aujourd’hui on reconnaît un lien très fort entre l’intersubjectivité (ce qui permet au bébé de découvrir qu’il y a des objets, une réalité externe, que le monde n’est pas lui) et l’attention poly-sensorielle. Avec les travaux sur le développement précoce, on parle d’intersubjectivité « primaire », donnée d’emblée.
Bernard Golse propose de chercher des modèles intermédiaires, plus dialectiques : « Peut-être l’intersubjectivité est-elle une construction qui ne part pas de rien. Tous les bébés au début de leur vie auraient des petits moments dans la journée où ils auraient vaguement le sentiment que quelque chose existe. » Il faut que ces petits îlots d’intersubjectivité primaire puissent croître et embellir. Une intersubjectivité secondaire peut être acquise à partir de ces îlots primaires.
Pour pouvoir ressentir quelque chose d’autre comme hors de soi, il faut pouvoir le percevoir par plusieurs canaux sensoriels. Et pour ne pas être submergé, inondé de sensations, le bébé va procéder à une disjonction des perceptions sensorielles (sinon c’est « trop d’un coup »). Il va procéder à un travail d’attraction/relâchement. Bernard Golse estime ainsi qu’il y aurait « un malentendu de la tétée ». Malentendu entre le ressenti de la mère et du bébé. Avec la tétée, la mère revit la fusion avec le bébé. Mais le bébé, lui, reçoit l’ensemble des différents flux sensoriels, il sent le poids extérieur, il s’accroche au sein par peur de la défusion.
« Pour que le bébé puisse prendre ensemble ces différents flux sensoriels, ces derniers doivent être synchronisés, compatibles, modulés. Un flux sensoriel n’est pas linéaire.Cette modulation peut se faire à différents niveaux.» Bernard Golse parle de « sphyncters périphériques ».
En conclusion : « On part d’une compétence endogène, neurologique, et on va vers une compétence qui se co-construit, vers une synchronisation poly-sensorielle. C’est une boucle dialectique

Traquer la signature neuronale de la conscience dans le cerveau du bébé

Sid Kouider, Directeur de recherche au CNRS, membre du laboratoire « cerveau et conscience » (ENS), prend place sur l’estrade. Il pose en introduction, avec un enthousiasme communicatif, les quelques questions qui sous-tendent ses recherches :
Comment peut-on avec des méthodes objectives déterminer les mécanismes et les contenus de la conscience chez le bébé ? Les bébés sont-ils vraiment conscients? Le bébé construit-il une conscience à travers son développement ou cette conscience est-elle prête avant les premières étapes du développement ? Comment démontrer que les bébés sont bel et bien conscients ? Comment leur conscience se façonne-t-elle ? A travers les expériences vécues ou avec des pré acquis dès la naissance ?

Pour en savoir plus, Sid Kouider utilise « l’imagerie du pauvre, l’électroencéphalographie, qui permet de voir quelle est la dynamique temporelle de tout ce qui se passe dans son cerveau ». Il s’agit d’enregistrer l’activité cérébrale pour trouver « la signature neuronale de la conscience chez le bébé ». Le chercheur explique comment cet outil peut déceler une trace de conscience.
Les informations sensorielles (image, sensation) sont encodées, qu’on soit conscients ou pas, par le cortex sensoriel, à l’arrière du cerveau. Dans ce processus, « les neurones se fichent de savoir si on est conscient ou pas ». Deuxième étape : le cortex préfrontal va commencer à s’activer et va renvoyer les informations vers le cortex sensoriel. Il y a ainsi un mouvement d’aller-retour entre l’avant et l’arrière du cerveau. Chez adulte, c’est la signature neuronale de la conscience. Il y a donc deux étapes, une première pré-consciente ou inconsciente, et une deuxième qui relève du « tout ou rien », soit on a vu le stimulus et il y a activation, soit on ne l’a pas vu et il ne se passe rien.

Une expérience est faite avec un bébé auquel les images d’un visage sont montrées. Résultat : le fonctionnement du cerveau est le même que chez l’adulte. Quelle que soit la durée de visionnage, il y a toujours une activation correspondante dans le cortex sensoriel, mais si le stimulus est en dessous du seuil de conscience (il apparaît de façon trop brève), il ne se passe rien. Il y a bien deux étapes de traitement au niveau du cerveau du bébé. Différence avec l’adulte : l’étape « tout ou rien » apparaît au bout d’un tiers de seconde chez adulte, et met 3 à 5 fois plus de temps chez l’enfant. L’activation est beaucoup plus lente chez le bébé. Le cortex pré frontal est la dernière région qui se développe dans le cerveau du bébé alors que le cortex visuel est à maturité dans les 6 premiers mois de vie. Or le cortex pré-frontal est crucial pour un accès conscient aux stimuli. Il existe plusieurs types de connexions dans le cerveau. Les connexions longues distances qui connectent l’avant et l’arrière du cerveau sont très faibles chez le bébé en raison d’un problème de maturité de la myéline.

Comment la surprise améliore les apprentissages du bébé

Deuxième axe de la recherche : comprendre si les bébés ont des attentes, s’ils peuvent éprouver la surprise, comment les mécanismes d’attention et de prédiction interagissent. Le résultat est sans équivoque. Les bébés ne font pas qu’observer leur environnement passivement. L’expérience menée : on propose différents stimuli au bébé, parfois un visage, parfois une fleur. Juste avant la présentation du stimulus « visage », un bip retentit. Pour la fleur c’est un autre son. Les bébés sont familiarisés avec cette présentation, ils savent quel son correspond à quel stimulus. Puis on « viole » les attentes. Les mêmes sons ne correspondent plus aux mêmes stimuli. Au bout d’un moment, l’activation dans le cortex visuel a toujours lieu mais l’activation dans le cortex pré frontal ne répond plus qu’à la surprise. Comme si, au début, le cerveau ne se concentrait que sur ce qu’il s’attend à voir. Puis ensuite, il ne donne une réponse que pour les violations des attentes. Le cerveau filtre les informations qui ne correspondent pas à ses attentes et dès qu’il détecte une anomalie, il travaille dessus, il reconfigure ses attentes. Conclusion de Sid Kouider pour cette expérience :
« les bébés de 11 mois face à des situations à peu près normales n’apprennent quasiment rien. Ils utilisent la surprise comme opportunité pour apprendre, les situations qui ne correspondent pas à leurs attentes facilitent l’apprentissage. Bébés ont des comportements d’exploration

Les bébés sont capables de détecter leurs erreurs

Troisième et dernier axe de recherche : la sensibilité meta-cognitive. Le bébé est-il capable d’estimer son savoir, de savoir s’il a fait une erreur ? Les nourrissons ont-ils accès à leurs propres états de conscience ?
Ce que l’on sait : Il y a un manque d’habileté à se représenter ses propres actions jusqu’à l’âge de 4 ou 5 ans. Les jeunes enfants semblent être incapables d’estimer s’ils ont raison ou tort. On pensait qu’il y avait une limite très claire de la façon dont le bébé se représente son propre savoir. Mais tous les tests ont été faits avec des enfants en âge de parler. Or, avant ce processus tardif et explicite du langage, il peut se passer des choses. Il s’agit donc pour le chercheur de trouver des astuces pour déterminer s’il y a métacognition.
Les expériences faites avec des enfants de 18 mois qui sont en capacité de pointer du doigt montrent qu’ils évaluent la confiance en leurs propres décisions. Le bébé module sa recherche en fonction de son résultat précédent, selon qu’il a eu raison ou tort. Il cherche plus longtemps dans le cas où la réponse était correcte (il est plus sûr de lui) que dans le cas où la réponse était incorrecte. Il recèle une sensibilité metacognitive, une capacité à détecter s’il a fait une erreur ou pas. Qu’en est-il pour bébés plus jeunes qui ne savent pas pointer ?

Chez un bébé de 12 mois : le bébé détecte son erreur mais il met 3 à 4 fois plus de temps que l’adulte. « Les bébés sont plus malins qu’on ne le pense, ils aiment le challenge, ils aiment jouer, note Sid Kouider. Ils ne se tournent vers la maman que dans le cas où ils ne sont pas confiants et pensent avoir fait une erreur. »
Les chercheurs butent sur une éternelle question : on ne sait toujours pas décoder le contenu de la conscience chez le bébé. Voit-il la même chose que nous ? Est-il comme dans un rêve ?

L’influence de l’environnement sur l’expression des gènes

François Jouen, directeur d’étude à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHP), vient clore cette conférence plénière inaugurale avec un topo sur l’épigenèse et la cognition néonatale. Son hypothèse est que « les mécanismes prénataux responsables de la construction de notre neuro-anatomie sont de même nature que ceux qui sont mis en œuvre, après la naissance, lors de la mise en place des structures et fonctions de la cognition néonatale ».
Il introduit son propos en rappelant que contrairement à ce qui a longtemps prévalu, le développement de l’enfant n’est pas un système normatif, linéaire, avec des stades. Et la génétique n’explique pas tout. On peut avoir des expressions phénotypiques différentes. Des gènes quasiment identiques s’exprimeront différemment selon leur environnement.
Et de donner plusieurs exemples. Quand on met des cellules clonées dans un même environnement mais qu’on modifie la densité des cellules, il y a une modification. Le simple fait de modifier l’environnement va amener une modification de l’expression génétique. Des jumeaux monozygotes élevés dans deux environnements totalement différents n’auront pas la même taille, pas le même poids. Il existe une forte influence des modifications environnementales sur l’expression d’un génome.
Autre exemple : une étude sur les enfants vivant sous le seuil de pauvreté aux USA a mis en évidence que le développement cognitif des enfants est retardé par rapport aux autres. (Voir aussi notre article relayant une étude française sur le même sujet).

Une continuité entre les apprentissages prénataux et postnataux

François Jouen fait un détour par l’embryologie. Qui nous apprend notamment que les systèmes sensoriels sont importants pour alimenter le cerveau qui commence à fonctionner alors qu’il mature encore. Chaque système va contribuer à son propre développement prénatal tout en préparant son développement postnatal. Il existe ainsi une « bi-directionnalité entre les structures et les fonctions ». Si la fonction dépend de la structure, la fonction peut aussi modifier la structure. D’où les effets précoces de l’environnement sur le patrimoine génétique.
Le scientifique distingue ensuite la neurogenèse (naissance de nouveaux neurones) de la synaptogenèse (formation des synapses). La première dépend de l’expérience. Si on n’a pas l’expérience d’un certain nombre de traitements nécessaires, la construction du cerveau ne s’effectue pas correctement. Les neurones changent de statut en fonction des informations qui viennent de l’hippocampe. La synaptogenèse, en revanche, est un système en attente d’expérience. Il se produit un phénomène d’élagage, avec une élimination des synapses, et cette élimination dépend de l’expérience fournie au système nerveux central. L’exemple de l’acquisition de la langue est…parlant. Le bébé a la capacité à traiter toutes les langues à la naissance, mais la langue maternelle va stabiliser les réseaux neuronaux et donner la prééminence à la langue maternelle.
François Jouen donne d’autres exemples des interactions très précoces entre les gènes et leur environnement. Une étude a été menée sur les nouveaux-nés de mères déprimées pendant leur grossesse. En ce qui concerne l’exploration tactile des objets (comprendre si un objet est lisse ou rugueux), ils se comportent comme des bébés normaux, ils ont les mêmes capacités d’exploration. En revanche, il leur faut plus de temps pour traiter l’information, et c’est le cas dès les premiers jours en maternité.
Autre illustration : si une mère de bébé prématuré vient tous les jours voir son bébé et lui raconte des histoires, il y a un effet sur le devenir neurologique, on récupère la fluidité de la motricité spontanée.
François Jouen conclut qu’il existe une continuité entre les apprentissages prénataux et postnataux, que les apprentissages prénataux sont impliqués dans la neurogenèse.  « La cognition est un processus incarné, les réseaux neurones ont une histoire prénatale. »